Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 6.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mer sont les naturels chemins d’expansion et d’accès de leurs petites villes et de leurs jardins.

À l’exception encore de Palma, qui demeure, pour la grande Baléare et relativement à sa taille, le fait urbain géographique énorme, anormal et solitaire (64 000 habitans), villes et ports sont distincts ; mais chaque ville de la bande côtière a son port, petit port qui, encore un coup, n’est pas une simple annexe dépendante ; l’agglomération de ce groupe d’habitans qui a des barques et qui vit de la mer marque même son indépendance matérielle par la longue distance qui le sépare de l’autre ; dans la région occidentale de la grande Sierra le port d’Andraitx est à 2 kilomètres du village ; Soller a son port posté sur une très jolie rade à 3 kilomètres et tout à fait en dehors de la huerta. Pollensa, qui appartient tout à la fois à la zone de la Sierra et au rivage septentrional, est séparée de son port par 6 kilomètres. Alcudia est à 2 kilomètres du sien. C’est surtout dans la région montueuse de l’Est que les villes, ayant voulu participer à la vie économique et culturale de la plaine centrale, se sont placées loin de la mer, et la conséquence en est que le port de Felanix, le Puerto Colon, est à 9 kilomètres de cette ville, et que Manacor a le sien à une distance de 12 kilomètres. À Palma même le plus grand nombre des pêcheurs et des mariniers demeurent non dans la ville proprement dite, mais en dehors de l’enceinte, dans ce faubourg plus blanc, plus banal et plus pauvre de Santa Catalina.

Pourtant, sans se mêler, travailleurs de la mer et travailleurs de la terre se rendent des services réciproques et sont au fond intimement associés ; ils ne sauraient se passer les uns des autres ; ce sont les deux parts d’un même tout.

Ils ont dû agir fortement les uns sur les autres, et beaucoup de traits et d’aptitudes des terriens doivent ce qu’on pourrait appeler leur envergure à ce contact avec les marins. Un petit fait géographique servirait d’emblème matériel heureux à cette répercussion de la mentalité et des usages de l’un des deux groupes sur l’autre.

L’île de Majorque et les autres Baléares sont parsemées de grands moulins à vent, tours blanches coiffées, en guise de toits, de petits cônes de chaumes. Ces moulins, qui transforment les grains en farines, utilisent en toutes places la force si fréquente des vents en ces territoires insulaires, mais ils sont établis généralement en séries dans le proche voisinage des villes