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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 6.djvu/233

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Les vacances parlementaires sont sans doute sur le point de se terminer, et certes, il est grand temps pour les Chambres de reprendre leurs travaux, pourvu que ce soient en effet leurs travaux qu’elles reprennent au lieu de se livrer, sans méthode et au hasard de la rencontre, à toutes les distractions et diversions qui, dans une vie politique à la fois intense et confuse, ne manquent jamais de se présenter. La session, dite extraordinaire, d’automne devrait être consacrée presque exclusivement à la discussion du budget : nous craignons qu’elle ne soit envahie par beaucoup d’autres objets. Nous reconnaissons d’ailleurs la difficidté qu’il en soit autrement, au milieu des préoccupations d’ordres divers qui nous assiègent. Les principales viennent du dehors ; ce sont celles qui ont le plus agité l’opinion pendant ces vacances ; mais il en est d’autres qui, nées au dedans, n’ont guère moins troublé les esprits si elles ne les ont pas émus aussi vivement. L’impression générale est que l’anarchie continue d’être partout.

La manifestation la plus éclatante qu’on en eût encore constatée vient de se produire à Oudjda. Le coup était si imprévu et il s’est produit dans des conditions si extraordinaires que l’opinion en a ressenti un sursaut violent. On a appris, un matin, que le général Toutée, commandant de nos forces sur la frontière algéro-marocaine et haut commissaire du gouvernement, avait fait arrêter et conduire en prison, entourés de tirailleurs baïonnette au canon, M. Destailleur, commissaire civil, M. Lorgeou, vice-consul, et M. Pandori, capitaine des douanes françaises, c’est-à-dire les hommes qui, à côté de lui, étaient les représentans ou les agens les plus directs du gouvernement français. Le général leur a adjoint un cadi maro-