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défensive à l’exclusion de toute manœuvre, de l’autre, en demandant à la fortification ce qu’elle ne peut pas donner et en voulant lui faire jouer un rôle de sauveur des armées pour lequel elle n’est pas faite.


Le but de cette étude a été de montrer combien étaient différentes les deux armées qui se sont abordées sur les champs de bataille de 1870. Cela c’est le passé. Depuis cette époque, en France, les progrès nécessaires ont été réalisés. On les doit pour la plus grande part à l’Ecole supérieure de guerre. Dès sa création qui date déjà de 1876, il s’y est formé un centre d’études qui, d’abord timide en ces essais de critique et d’énoncé de principes, a peu à peu affirmé sa doctrine et son enseignement bientôt admis et recherchés par toute l’armée. Les nombreux officiers sortis de cette Ecole et répandus dans les divers états-majors et corps de troupes, ont d’abord agi par simple contact avec leurs camarades, chez qui ils suscitaient la curiosité et le désir de savoir. Puis, plus tard, ceux d’entre eux qui sont arrivés aux grades élevés ont eu l’autorité et l’influence suffisantes pour faire édicter des règlemens en conformité avec la doctrine, qui a été de cette façon imposée à tous. L’œuvre ainsi accomplie vient d’être fort heureusement poursuivie par la création d’un cours de hautes études militaires, où des officiers supérieurs, ayant déjà l’expérience et la maturité de l’âge, viennent chercher un complément d’études sur des questions d’un ordre plus général et plus élevé, qu’ils n’ont pas l’occasion de traiter dans la pratique journalière de leurs occupations du temps de paix. Je crois donc sincèrement aujourd’hui que, au point de vue que j’envisage ici, l’armée de la France n’a rien à envier aux autres armées de l’Europe.


Général DELANNE.