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duquel il avait caché quelques pièces d’or. De retour dans sa ville natale, il aperçut un jour aux mains d’un inconnu le plat qu’il avait perdu. Comme de juste, il réclama son bien ; de son côté, l’inconnu affirma qu’il avait retiré le plat du puits de Barruta et il cita des témoins. Cependant, le pèlerin ayant fait jouer un ressort caché, découvrit son petit trésor. Le doute n’était pas permis. Le plat lui fut rendu. La vérité s’était fait jour : il y avait communication souterraine entre les deux puits, entre les deux villes saintes, entre La Mecque et Kairouan.


Dougga.

Pompéi a été ensevelie sous un linceul de cendres ; un déluge de boue a noyé Herculanum ; Olympie a disparu lentement sous le limon d’un affluent de l’Alphée ; il semble que Dougga, la carthaginoise et la romaine, ait été enterrée.

Le pays de Tébourzouk et de Dougga ne ressemble pas plus à celui de Sousse et de Kairouan que les landes de Bayonne ne ressemblent à l’Auvergne. Au lieu de la plaine infinie, sans eau, brûlée par le soleil, c’est une région accidentée, des plateaux et des crêtes coupées par des vallées au fond desquelles coulent des rivières, — des oueds, — qui ne tarissent en aucune saison. Le climat ressemble au climat de certaines provinces de France ; il y pleut souvent ; la neige couvre quelquefois le sol en hiver et les étés ne sont pas torrides. A côté des terres arables et des pâturages, on rencontre des mines, des carrières, des eaux thermales. Sur les coteaux, la vigne et l’olivier ; en bas, les céréales. Quant à la population, berbère en majorité, elle se distingue par des qualités de virilité et d’endurance qui ne font que trop souvent défaut aux indigènes du littoral.

Les vainqueurs de Carthage trouvèrent d’abord l’Afrique inhospitalière, et ils ne s’y établirent que contraints et forcés, par prudence plutôt que par cupidité. La Tunisie actuelle forma la province proconsulaire d’Afrique. Mais les Romains étaient tenaces ; une fois décidés à exploiter leur conquête, ils déployèrent des trésors d’habileté et d’énergie. D’une population nomade ou tout au moins remuante et indocile, ils firent un peuple de cultivateurs sédentaires ; de terres incultes, ils firent un des greniers de l’Empire.

Dans le pays de Dougga, c’est-à-dire sur un territoire restreint,