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Mentionnons, à ce propos, une assez curieuse expérience. On a pris les chairs d’une vieille momie humaine datant de trois ou quatre mille ans et on en a fait l’extrait musculaire. L’injection de ce liquide à des cobayes les a rendus sensibles au sérum musculaire humain, et uniquement au sérum humain. Ce qui prouverait, s’il était nécessaire de l’établir, que la constitution chimique du corps humain n’a pas notablement varié depuis quatre mille ans.


VI

Un des cas les plus intéressans de l’anaphylaxie, c’est la sensibilité des animaux tuberculeux à la tuberculine. Dès le début de nos recherches, nous avons signalé cette analogie, qui est saisissante.

La découverte de la tuberculine est due à Robert Koch, celui-là même qui le premier a vu le microbe de la tuberculose. Peu de temps après, il démontra qu’en faisant un extrait des microbes tuberculeux, on obtenait une substance remarquable, qu’il appela tuberculine. Même, pendant quelques semaines, on a cru que cette tuberculine possédait la merveilleuse propriété de guérir la tuberculose. Malheureusement, quand on voulut en essayer les effets sur des malades, on observa bientôt de terribles accidens, si bien que l’emploi thérapeutique de la tuberculine, après avoir suscité d’infinies espérances, a dû être à peu près abandonné.

Cependant, en poursuivant les expérimentations, on finit par établir que la tuberculine était pourvue d’une propriété singulière. Inoffensive, ou à peu près, lorsqu’elle est injectée à un animal sain, elle provoque chez un animal tuberculeux une vive réaction inflammatoire, une congestion viscérale généralisée, intense surtout dans les poumons, et une pneumonie véritable avec une fièvre très forte qui, quelquefois, amène la mort de l’animal injecté.

Autrement dit, l’animal normal est insensible à la tuberculine, alors que l’animal tuberculeux est violemment atteint par elle. Alors, puisqu’on ne pouvait guère employer la tuberculine comme procédé thérapeutique, on l’a employée comme procédé diagnostique, sinon en médecine humaine, du moins en médecine vétérinaire. Et son emploi est absolument général