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encourager les plantations nouvelles, inculquer les bonnes méthodes d’exploitation, pousser à la production des bois d’œuvre en remplacement des petits bois ; soulager les propriétaires forestiers qu’écrase l’impôt et qui sont entraînés à alléger leurs charges par l’abatage d’un plus grand nombre d’arbres de futaie.

« Les funestes conséquences de l’inaction qui a suivi les catastrophes du passé doivent être un avertissement salutaire. Des résolutions promptes et courageuses honoreront la génération actuelle, attesteront sa sagesse et son esprit de prévoyance. »

Mais plus d’une année s’est écoulée depuis la publication de ces rapports sans que le Parlement ait inscrit au budget le premier centime des 422 millions demandés pour le reboisement, ni adopté aucune des mesures réclamées par M. Alfred Picard, et nos belles forêts continuent à tomber sous la hache avec une rapidité telle que les gares étaient, au printemps dernier, insuffisantes à l’expédition des bois abattus et les quais militaires encombrés par leurs amoncellemens[1].


II. — L’EXPLOITATION FORESTIÈRE ET LE DÉBOISEMENT

Il ne faudrait pourtant pas croire que toutes les coupes pratiquées dans les forêts soient acte de déboisement.

Les forêts sont un genre de propriété qui présente de nombreuses particularités, celle entre autres d’être trop faciles à détruire ; mais cette destruction serait bien plus rapide encore si leurs propriétaires n’en tiraient aucun revenu, et la sylviculture a précisément pour but d’en organiser l’exploitation régulière de façon à garantir la permanence de leurs produits.

Les modes d’exploitation varient d’ailleurs suivant la nature du sol, le climat, les essences feuillues ou résineuses dont se compose la forêt, et suivant les débouchés et les voies de communication ; ils procèdent néanmoins d’une règle commune, celle de ne pas enlever plus de bois qu’il n’en est poussé depuis la coupe précédente, en prenant pour base la production annuelle de la forêt, sa possibilité. L’exploitation rationnelle

  1. Journal Officiel. — Chambre, 2e séance du 23 mars 1911.