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d’un capital-bois, dont le taux déplacement diminue d’ailleurs à mesure qu’augmente le revenu réel. Dans l’exemple considéré, il a fallu quadrupler le capital pour tripler le revenu. D’une façon générale, il existe, pour chaque essence, pour chaque nature de sol et pour chaque climat, un maximum de la réserve forestière, indépendant du prix général du bois, à partir duquel l’emploi sous une autre forme du capital-bois devient pécuniairement préférable à sa conservation.

On s’explique ainsi que les forêts soient d’autant plus menacées de destruction qu’elles sont plus riches en matériel, et toute exagération de l’impôt tend à précipiter cette destruction, si contraire à l’intérêt général.

C’est à l’Etat, défenseur attitré de l’intérêt général, qu’il appartient de protéger les forêts par sa législation et par ses encouragemens.

La législation doit être adaptée de manière à favoriser le reboisement et la conservation forestière. Tant que cette adaptation restera incomplète, l’Etat aura pour devoir strict de compenser par des mesures transitoires les obstacles législatifs à une bonne gestion forestière, et il lui faudra recourir à une série spéciale d’encouragemens ; car toutes les mesures de réglementation ne peuvent qu’écarter les capitaux du placement sylvestre, et leur seule préparation suffit pour accélérer les exploitations abusives.

Les encouragemens actuellement donnés à la sylviculture privée seront vite énumérés :

Le budget de l’Etat ne prévoit pas pour eux un centime ;

Le Concours général agricole ne lui attribue pas un diplôme ;

Le dégrèvement trentenaire des terrains reboisés, rendu illusoire par des erremens administratifs que M. Guyot exposait récemment dans le Bulletin trimestriel de la Société forestière française des Amis des arbres, n’a pas été maintenu dans le projet d’impôt sur le revenu ;

Les distributions de graines et plants du service forestier sont limitées par l’insuffisance de ses crédits, et ses subventions pour travaux facultatifs ne sont applicables qu’aux terrains en montagne.

Ainsi la sylviculture privée est sacrifiée de toutes façons, parce que la propriété forestière diffère essentiellement de tous