Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 6.djvu/457

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

savantes, les développa avec ses délégations dans les ministères, les groupes et les commissions parlementaires, créa de toutes pièces une politique forestière adoptée à Madrid par le IXe Congrès international d’agriculture, l’exposa dans ses conférences et ses publications, et il suffit aujourd’hui d’un effort persévérant pour faire aboutir les mesures indispensables à la conservation et à l’amélioration de nos belles forêts.


L’évaluation de 422 millions présentée par M. Alfred Picard, d’après les calculs autorisés du directeur général des Eaux et Forêts, pour les reboisemens utiles dans le bassin de la Seine, le mieux boisé de France, donne à penser que le reboisement rationnel de chacun des grands bassins entraîneraient des frais analogues et permet d’estimer à deux milliards l’importance du problème forestier pour la France entière. Les aperçus déjà publiés à ce sujet dans l’Économiste Français et dans la Défense forestière et pastorale prévoient d’ailleurs des dépenses du même ordre, et l’on peut admettre le chiffre de deux milliards comme mesure approximative de l’effort indispensable.

Demander à l’Etat de prendre à sa charge cette énorme dépense équivaudrait certainement à un ajournement indéfini.

Pour les chemins de fer, qu’on avait pensé tout d’abord à faire construire par l’Etat, les difficultés spéciales à ce mode d’exécution étaient bien vite apparues. Ce sont les initiatives et les capitaux qui ont doté la France d’un réseau ferré de plus de 17 milliards, et l’Etat est resté dans son rôle en donnant à cette vaste entreprise le concours de sa législation, de ses subventions et de ses ingénieurs. Le problème forestier est fort analogue à celui que la France a si heureusement résolu, et il convient de l’aborder résolument, avec le même esprit, pour obtenir le même résultat ; seulement, comme l’effort des initiatives et des capitaux n’est pas aussi facile à grouper pour le reboisement que pour les voies ferrées, réparties dès le début entre un petit nombre de compagnies, le concours moral et matériel de l’Etat devra comporter des modalités spéciales, et il appartient à la politique forestière de les déterminer afin de faire converger vers un but commun l’ensemble des mesures législatives et administratives.

Cette politique forestière est toute tracée ; sa voie est ouverte