Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 6.djvu/639

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son Indigent philosophe (1728) ; en outre, les grosses colonnes, la lourde pile des dissertations, essais, cours, systèmes et mémoires : le Système d’un gouvernement en France, de La Jonchère (1720), le Mémoire sur les pauvres mendians, de l’abbé de Saint-Pierre (1724), avec, çà et là, diverses rêveries dans les quinze tomes de ses Œuvres (1738) ; l’Essai philosophique sur le gouvernement civil, de Ramsay (1727), le Cours de sciences sur des principes nouveaux et simples, du P. Buffier (1732), l’Essai sur les principes du droit et de la morale, de Richer d’Aube (1743) ; par là-dessus, comme si l’on eût craint que notre propre fonds fût trop maigre, des traductions : en 1715, par Nicolas Gueudeville, qui avait déjà sur la conscience certains Dialogues entre un sauvage et le baron de la Hontan (1704), une traduction libre de l’Utopie de Thomas Morus ; en 1745, la traduction, par Laplace, de l’Oroonoko de Mrs Afra Behn (1698) ; en 1746, la traduction, par Miltz et le chevalier de Saint-Germain, des Mémoires de Gaudentio di Lucca, de Simon Berington ; surtout, n’allons pas oublier la traduction, en 1740, de la Fable des Abeilles, de l’Anglais Mandeville, d’où s’envolent des « frelons » que nous reverrons plus tard obstinément rôder autour de la tête de Saint-Simon ; et ce n’est pas tout, mais le tout serait fort peu de chose, et, à la vérité, cela n’est quelque chose que parce que cela nous conduit à 1748 où paraît l’Esprit des lois, à 1749 où Jean-Jacques Rousseau assène à l’Académie de Dijon le Discours sur les Lettres et les Arts, où le libraire Lebreton lance le prospectus de l’Encyclopédie.

C’est bien peu de chose, ce « couplet » de la Coquette du village, de Du Frény (1715), que je retrouve dans mes notes, à son rang chronologique, et que je cite en courant, à titre d’échantillon. Lucas se plaint :


Je sis si las, si las de labourer ma vie !
Labourer pour stici, labourer pour stila !
J’ai labouré trente ans ; après trente ans me v’la.
Labourer pour autrui, c’est un ptit labourage.
Faut labourer pour soi, c’est ça qui donn’ courage.
Pour égaliser tout, faudrait-il pas, rnorgoi !
Que les autr’ à leur tour, labourissient pour moi !


Dans cette plainte, et sous la puérilité de cette fausse