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ce qui concernait les temps modernes et particulièrement la période de 1789 à 1815, « il n’y avait plus grand’chose à glaner. » Cette scène est de toutes les époques.

L’historien d’Alcibiade n’entendit que trop alors celui de Napoléon. Je ne peux me consoler qu’Houssaye n’ait pas, Alcibiade terminé, porté sur quelque partie de notre histoire nationale ses investigations. Mais la Grèce l’enlaçait vraiment. Elle se présentait maintenant sous les traits, — à la vérité bien séduisans, — de trois femmes. Celles-ci représentaient trois époques de l’Hellénisme : Aspasie, c’est Athènes ; Cléopâtre, c’est Alexandrie ; Théodora, c’est Byzance. D’un coup d’œil, — charmé, — on allait, avec ce guide informé, du lit de Périclès à celui de Justinien.

L’exergue résumait l’histoire des trois femmes : Eros imperat, l’Amour commande. Mais ce livre, rempli de charmantes ou tragiques pages et de notes savantes, m’irrite extrêmement. En ce qui concerne Aspasie, Houssaye ne pouvait guère que se répéter avec art, et ses études spéciales sur la Grèce antique ne le préparaient nullement, par ailleurs, à écrire en quelques mois des pages très neuves sur Cléopâtre et Théodora. A la vérité, — et cela est une excuse suffisante, — il trouvait un extrême plaisir à les écrire, ressaisi de cette « griserie » qui montait à son cerveau des textes grecs, — même de ceux de la décadence. Laissant à Aspasie le sceptre, « muse du siècle de Périclès, » on le sentait cependant avec Antoine sous le charme captivant de la fille dès Ptolémées, « la plus belle des femmes, περιϰαλλιστάτη γυναίϰῶν (perikallistatê gunaikôn) » et avec Justinien (et tant d’autres) sous la prise de cette fille de bateleurs passée Impératrice qui, à Ravenne, exerce encore sur les pèlerins sa séculaire fascination : « Telle beauté, dit Procope, que personne ne saurait l’exprimer. »

Le côté « artiste » de ces trois biographies de luxe lui plaisait d’autant plus qu’il vivait, depuis 1872, — non plus à Athènes, mais à Paris, — dans une atmosphère d’art et de beauté.

Il avait, dans sa prime jeunesse, pensé manier le pinceau et avait, tout comme un autre, installé un atelier. Il avait, en 1872, passé de la pratique à la critique. C’est en qualité de critique d’art qu’il avait vu, la même année, en 1874, s’ouvrir devant lui « les portes d’ivoire, » — ainsi que s’exprime M. Frédéric Masson, — du Journal des Débats et de la Revue des Deux Mondes.

Ce lui furent deux « maisons. » Il a, en recevant à