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IV. — LONDRES


28 septembre. — Londres. J’arrive à la station de Cannon-Street à 4 heures du matin.


Rome, 26 septembre 1877.

Mon cher Crispi,

Ma santé s’est gâtée à Stradella. C’était un de mes accès d’arthritisme habituels, mais que j’avais négligé, et qui avait été mal soigné par le médecin. Dans trois ou quatre jours, je pourrai me considérer comme en pleine convalescence.

Ton voyage aura eu ce résultat notable que la diplomatie a commencé à nous connaître, a nous rendre justice, et à traiter ouvertement avec nous. Trop longtemps nous avons été des conspirateurs pour l’unité de notre pays, respectés seulement comme des délégués du parti libéral : désormais nous obtiendrons d’être appréciés comme des hommes de gouvernement. Lorsque tu seras ici, nous nous entendrons pour rendre fructueux et sûr le résultat de ta mission.

Aujourd’hui, voici certaines nouvelles qu’il est bon que tu connaisses pour régler l’époque de ton retour à Rome :

Et tout d’abord, pour ce qui est des affaires intérieures :

Zanardelli a offert sa démission parce que je lui avais télégraphié que le retard dans la stipulation des conventions était une calamité. Mais je lui ai répondu en des termes modérés, et j’ai obtenu son consentement à poursuivre les négociations. J’espère donc encore pouvoir les conclure sans avoir à traverser une crise.

— Mais voici un autre ennui.

Cialdini est venu à Rome, et s’est montré fort mécontent de Mezzacapo ainsi que de Nicotera ; il a même parlé de sa démission à brève échéance[1]. Cette démission de Cialdini nous ferait beaucoup de mal ; et, en conséquence, si à ton retour tu passes par Paris, tu feras bien de le voir, et de le persuader de ne pas nous enlever son appui…

Pour en venir aux affaires extérieures, il est bon que tu

  1. Le général Cialdini était alors ambassadeur d’Italie à Paris.