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par rapport à celui des collaborateurs de l’industrie privée, est passée en proverbe. Ce n’est pas ici le lieu de rechercher les motifs de ce fait, ni de se demander si des remèdes pourraient y être apportés. Nous ne voulons en tirer qu’une conclusion, c’est qu’il n’est pas désirable d’étendre les attributions de l’État, puisque le prix de revient de ce qu’il exécute va sans cesse en augmentant. Malheureusement c’est le contraire qui se produit : nous voyons le nombre des services publics grossir et les causes de dépenses se multiplier de ce chef.

Le chapitre le plus inquiétant sous ce rapport est celui des chemins de fer ; voici plus d’une trentaine d’années que, pour sauver du désastre complet un certain nombre de Compagnies qui avaient construit des tronçons de lignes mal conçues, peu productives, concédées sans plan d’ensemble, l’Etat s’avisa de les racheter et de les exploiter. Ce fut son premier réseau, qui n’a jamais donné de bénéfices réels. L’excédent apparent de recettes était à peu près égal aux sommes dépensées chaque année au compte de premier établissement. Un bilan, au sens précis du mot, n’a jamais été établi ; les sommes consacrées à l’acquisition et à la mise en état du réseau ne sont jamais apparues clairement. Mais le rachat de l’ancienne Compagnie de l’Ouest, transformée aujourd’hui en Ouest-État, a creusé un bien autre gouffre dans nos finances. La différence entre les recettes brutes et les dépenses d’exploitation, qui était de 72 millions en 1908, est tombée à 43 millions en 1912. Ce chiffre d’ailleurs ne représente en aucune façon un produit net disponible. Le budget du réseau voté pour 1911 comportait 289 millions de francs de dépenses ordinaires ; les prévisions « rectifiées » les ont portées à 322 millions. Les dépenses extraordinaires, prévues d’abord pour 123 millions, furent fixées ensuite à 136 millions : le déficit d’exploitation est de 76 millions !

Le ministre des Travaux publics, dans son exposé des motifs du budget du réseau pour l’exercice 1912, reconnaît que le déficit de l’exploitation atteint des proportions qu’il n’a point connues au temps de l’ancienne Compagnie ; que, bien que les recettes brutes soient en progrès, les produits nets sont en diminution constante, ce qui indique que la proportion des dépenses s’est élevée, et que le rachat n’a eu de conséquences heureuses que pour les employés, dont les traitemens se sont améliorés de 40 pour 100. En 1912, le personnel coûtera