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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 10.djvu/195

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apparaissent nettes, fraîches, c’est l’hallali courant, puis c’est la « vue ; » l’ennemi fait tête, c’est le combat.

Le 20 novembre, le capitaine Grosdemange s’était porté de Bou-Djebiha sur le puits d’Anelis. Il y arrive le 21, à une heure de l’après-midi, ayant couvert 85 kilomètres. Des indigènes affirment avoir vu le rezzou ; mais, d’après les uns, celui-ci ne possède que des montures ruinées, une trentaine d’ânes, et se déplace lentement : suivant les autres, il est monté sur des chameaux nombreux et vigoureux.

La compagnie reprend la poursuite ; elle se dirige vers le puits d’In-Etissam, à 145 kilomètres.

Elle l’atteint en trois étapes. Autour du puits les traces abondent. Plus de doute, le rezzou est passé là. Des chameaux ont été « baraqués » à l’intérieur d’un carré dont les côtés sont marqués par les cendres de 20 feux et des os de mouton. Il y a des empreintes d’ânes et de bœufs, des morceaux de sangles en poils de chameau, des débris de selles recouverts d’une peau, comme seuls en emploient les hommes du Tafilalet. Ces traces ne remontent pas à plus de deux jours.

Aux environs, une patrouille à découvert la piste, au milieu d’un campement Targui qui vient d’être razzié ; elle obtient des renseignemens.

Le rezzou compte au moins 100 fusils à tir rapide, il entraîne 100 chameaux de prise, 200 ânes, il va vers les puits d’Ali-Badan à 80 kilomètres ; un Beraber est à sa tête.

En chasse ! A six heures du soir, le 25, les tirailleurs repartent. Ils sont arrivés à une heure de l’après-midi, mais on n’a pas le loisir de se reposer, on mangera et on dormira plus tard. Un guide indique un raccourci. Le chemin est mauvais, à cause des lignes de dunes à traverser. N’importe, il faut gagner du temps. Vingt-quatre heures après, la compagnie retrouve la piste qu’elle avait abandonnée. Les traces datent de la veille.

A dix heures du soir, le guide déclare que les puits sont proches. Le capitaine arrête la colonne, fait baraquer les chameaux et désigne une section de garde. Avec deux sections, il part à pied. Mais il est encore à 17 kilomètres du but, le guide a commis une erreur. En trois heures, la distance est franchie ; cette fois, voilà les puits. A la baïonnette !

Les tirailleurs donnent dans le vide ! Le rezzou a déjà disparu.