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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 10.djvu/196

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Le lendemain, 27, la poursuite recommence ! Maintenant, on suit facilement les traces des Berabers. Cependant à minuit on les perd. A quatre heures du matin, les tirailleurs bivouaquent.

Dans la matinée, le capitaine fait rechercher la piste ; l’après-midi, la voie est retrouvée : en avant !

A 2 heures du matin, on approche du puits d’Achorat ; un feu brille à 800 mètres de la colonne : c’est le rezzou. Il faut agir rapidement.

Le convoi est assez loin derrière, avec ses 13 hommes d’escorte ; il est impossible de l’attendre. Le capitaine laisse 12 hommes auprès des chameaux de selle baraqués, et divise les 45 tirailleurs restans en deux sections ; la première sous le commandement de l’adjudant Rossi, la deuxième sous celui du lieutenant Morel.

Chaque homme porte 250 cartouches, mais défense formelle de tirer est faite ; on attaquera à la baïonnette. Encore une fois, les tirailleurs rencontrent le vide !

Mais à 500 mètres au Nord d’autres feux apparaissent ; celui que les sections ont trouvé désert a dû être allumé par un petit poste placé ; en avant du bivouac pour le protéger. Depuis quand est-il abandonné ? L’arrivée des méharistes a-t-elle été signalée ? Les Berabers sont-ils sur la défensive ou, se croyant gardés, dorment-ils ? Là-bas, autour des lueurs indiquant, le campement, rien ne bouge.

Le capitaine donne le signal ; la deuxième section se dirigera sur le feu de gauche, la première sur celui de droite, un caporal et 4 hommes assurent la liaison avec le convoi.

Quarante tirailleurs marchent sur le rezzou évalué à plus de cent fusils.

D’un bond, le lieutenant Morel est sur un groupe de dix hommes endormis. Les baïonnettes les clouent à terre, mais des cris ont jeté l’alarme. Deux groupes en retrait, abrités derrière leurs chameaux et une ligne de charges ouvrent le l’eu. En avant ! A la baïonnette ! Les tirailleurs foncent sur les éclairs qui cinglent la nuit ; leur élan est brisé par les animaux couchés et les bagages entassés devant l’ennemi. Quatre tirailleurs sont tués, plusieurs blessés. Une balle troue le casque du capitaine, une autre son pantalon. Le lieutenant veut pénétrer dans le retranchement ; en un instant, il est cerné. Ali Bokou se précipite devant lui, sa baïonnette plonge dans les poitrines, élargit le cercle des agresseurs… Son officier est dégagé ! Alors il se