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nos lecteurs il ne sera question ni de la maternité ni de l’administration domestique. Nous avons fait comprendre dès le début que nous réserverions une place à part à la mère et à la maîtresse de maison. Nous reviendrons pour elles à la méthode analytique que nous ne délaissons en ce moment qu’à cause de l’indivisibilité qui existe dans les relations morales des époux.

Catherine de Meurdrac avait repoussé les partis que son père lui avait proposés et ne s’était réconciliée avec l’idée du mariage que le jour où M. de la Guette lui déclara directement ses sentimens et ses vœux. L’aimant bien vite autant qu’elle en était aimée, elle fut assez hardie pour l’épouser clandestinement de l’aveu de sa mère et contrairement à la volonté de son père ; mais elle unissait à cet esprit d’indépendance un assez grand respect de l’autorité paternelle et assez d’ingénuité pour se faire promettre par son futur de la traiter comme une sœur jusqu’au jour où le mariage aurait acquis par le consentement du père toute sa validité. Il fallut, pour qu’il fût consommé, que le protecteur de M. de la Guette, le duc d’Angoulême, fit comprendre la nécessité de le rendre par là indissoluble au moment où il se chargeait de l’annoncer à M. de Meurdrac et d’obtenir sa ratification. Catherine a cru pouvoir suivre le mouvement de son cœur sans s’arrêter devant une résistance que celui-là même qui la lui oppose déclare aussi peu motivée qu’invincible ; mais, en même temps qu’elle se montre pour sa mère, qui a donné raison à sa conduite, une fille excellente, elle reste inconsolable d’encourir encore, malgré l’intervention du duc d’Angoulême, la désapprobation de son père, la privation de le voir. Cela ne l’empêche pas de remplir les devoirs de la vie conjugale et d’en goûter les joies avec une droite et cordiale simplicité, avec une bonne humeur qui semblent avoir été les traits dominans de sa nature. Quand le mari est là, on est tous les jours à cheval pour chasser et pour rendre visite à la noblesse du voisinage. Est-il en campagne, les distractions sont plus rares. L’entrain un peu viril, que l’on remarque chez Mme de la Guette comme chez beaucoup de ses pareilles de la noblesse campagnarde, la rend pourtant empressée à s’associer aux parties de plaisir dont l’occasion se présente. C’est ainsi que, pendant une des absences de son mari, elle s’habille en homme, monte à cheval avec M. de Vibrac et va courre le cerf dans le parc pour gagner de l’appétit. Le soir ce sont des momons, des