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UN DRAME D’AMOUR[1]
À LA COUR DE SUÈDE
{1784-1795)

II.[2]
A TRAVERS UNE CORRESPONDANCE


I

Quoique, au moment où le baron d’Armfeldt quittait Stockholm pour se rendre à Aix-la-Chapelle, Madeleine de Rudenschold fut en proie à de sombres pressentimens, elle ne désespérait pas cependant de le voir revenir dans un délai de trois mois, ainsi qu’il l’avait promis au Régent et à elle-même. Pendant les quelques jours qu’ils avaient passés ensemble à Drottningholm, avant de se dire adieu, il opposait cette promesse à ses plaintes et à ses larmes. Lorsque, inquiète et tourmentée, elle lui objectait que les inimitiés liguées contre lui entraveraient son retour, il relevait son courage en lui disant qu’en ce cas, c’est elle qui le rejoindrait.

Peu de temps après qu’il fut parti, la princesse Sophie-Albertine se prépara à entreprendre un long voyage. Comme tous les ans, elle passerait l’automne à son abbaye de Quildenbourg ; puis elle irait à Berlin, de là à Rome et à Naples ; son absence devait durer plusieurs mois. Il n’eut tenu qu’à Madeleine de se faire désigner pour être du voyage. Mais c’était le moment où, confiante dans la parole du Régent, elle croyait qu’Armfeldt allait être nommé gouverneur général de la

  1. Copyright by Ernest Daudet.
  2. Voyez la Revue du 15 juillet 1912.