actuellement, et l’on peut faire remonter sa première exécution à la fin du IXe siècle.
Un siècle plus tard, cette vénération de la « majesté de sainte Foy, » ainsi qu’on la désignait, n’était pas dans le midi de la France un fait isolé. « C’est, nous dit Bernard l’écolier, une antique coutume dans les pays d’Auvergne, du Rouergue et de Toulouse et dans les régions voisines que chacun érige à son saint patron une statue en or, en argent ou en tout autre métal dans laquelle on enferme avec honneur son chef ou une portion plus importante de son corps. » Ces statues de majesté incarnaient aux yeux des hommes la toute-puissance du saint patron de l’église ou du monastère et propriétaire de son domaine. Il suffit de parcourir le Livre des miracles de sainte Foy pour comprendre de quelle vénération on entourait ces effigies. Devant elles allaient prier les malades dans l’attente d’un miracle ; à elles étaient faites les donations de terres ou de joyaux. L’abbaye de Conques, très pauvre à l’origine, devint bientôt, grâce à la renommée de sainte Foy, « répandue dans presque toute l’Europe, » un des monastères les plus riches de la France méridionale.
Un synode ecclésiastique ayant été tenu à Rodez dans les premières années du XIe siècle, chaque congrégation de moines et de chanoines apporta ses corps des saints, « soit dans des châsses, soit dans des images d’or. » Un véritable camp fut dressé dans une prairie, au pied de la montagne sur laquelle s’élève la ville. « Le bataillon des saints y était distribué sous des tentes et des pavillons. » On y voyait la « majesté d’or de saint Marius, » disciple de saint Austremoine, premier évêque de Clermont, et patron de l’abbaye de Vabres en Rouergue ; la « majesté d’or de saintAmand, » deuxième évêque de Rodez ; la « châsse d’or de saint Saturnin, » premier évêque de Toulouse ; l’« image d’or de sainte Marie, mère de Dieu, » et enfin la « majesté d’or de sainte Foy. »
Nous voyons par là que l’usage des statues-reliquaires était déjà à cette époque profondément enraciné dans les habitudes les populations du Massif central. De même deux inventaires du trésor de la cathédrale de Clermont, et dont l’un remonte à l’évêque Etienne II (vers 970), l’autre à Bégon son successeur (980-1010), mentionnent une « majesté de sainte Marie placée sous un ciborium orné d’un cabochon de cristal[1]. » Il n’est
- ↑ Archives départementales du Puy-de-Dôme. Voyez nos Études archéologiques, Clermont, 1910, p. 40.