Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 11.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour avoir publié le Journal du prince royal. « Ce journal, affirmait Bismarck, avait été complété à l’aide de phrases par lesquelles les ambitieux de la Cour cherchaient à rendre le fond plus vraisemblable. J’ai exprimé, dans le rapport (du 23 septembre 1888) à Sa Majesté, mon opinion que ce journal avait subi des altérations, et j’ai exprimé en même temps l’indignation que j’éprouvais à voir des intrigans et des délateurs s’imposer à un caractère loyal et noble comme l’était l’empereur Frédéric. En écrivant ce rapport, je ne doutais pas qu’il fallait chercher le faussaire dans Geffcken, le guelfe hanséate que sa haine pour la Prusse n’avait pas empêché autrefois de briguer la faveur du prince royal pour pouvoir nuire à sa personne avec plus de succès, à sa Maison et à son État, tout en jouant lui-même un certain rôle. Geffcken était de ces ambitieux aigris depuis 1866, parce qu’ils se croyaient méconnus, eux et leurs talens. »

Or, la Haute-Cour de Leipzig acquitta Geffcken à la grande colère de Bismarck, et la Russie répondit aux procédés du Congrès de Berlin par une alliance avec la France, alliance qui, se resserrant de jour en jour, inquiète et exaspère le parti pangermaniste, héritier des rancunes du chancelier. Les Mémoires de sir Robert Morier ont contribué à éclairer tous ces faits. Nous espérons que les derniers volumes offriront à leurs lecteurs autant d’intérêt que les deux premiers.


Henri Welschinger.