hors du visage, avait de la peine à ne pas pousser ses clameur favorites. Lorsque Étienne se tut, sa mère parla d’abord :
— Mon pauvre garçon, comment tout cela va-t-il finir ?
— Cela finira, répondit son mari, à l’honneur d’Étienne.
— Honneur, je ne sais pas, dit Étienne ; malheur, sûrement.
— Les deux peuvent très bien aller ensemble, mais nous n’en sommes pas là. Ma chère Anna, je n’ai pas besoin, n’est-ce pas ? de te recommander le secret le plus absolu sur tout ce que nous venons de raconter devant toi. Il ne serait même pas mauvais que la petite Biarde fût chapitrée à ce sujet. Tâche donc de la revoir et de lui promettre quelque chose.
— Ah ! par exemple, oui, je vais la chapitrer. Je lui dirai…
— Oui, ma bonne Anna, tu lui diras tout ce que ton bon cœur te dictera. Nous te sommes bien reconnaissans de nous avoir mis au courant.
La tante Anna, encore émue, ne songeait pas à se lever. Il fallut que Gabriel Baroney lui conseillât d’aller voir tout de suite Artémise Biard, afin d’éviter les commérages.
— Elle est maligne, dit la tante Anna, elle ne parlera pas. Elle n’a rien à y gagner…
Ce qui n’était pas si mal raisonné pour une tante Anna, toute rouge de cette énergie qu’elle avait déployée depuis quelques heures…
Gabriel Baroney, sa femme et leur fils n’étaient pas fâchés de se retrouver tous les trois sans témoin.
— Avant tout, dit Étienne, il faut que je voie Marthe.
— Certainement, approuva son père. De mon côté, j’irai parler à Jérôme.
Madeleine Baroney ne voulut pas dire tout haut sa pensée, de peur de faire souffrir son grand fils qu’elle ne sentait pas de force à entrer en lutte avec Maxime. Une autre chose la tourmentait, l’« inconséquence » de Marthe Bourin. « Il se passe en cette petite quelque chose de singulier, se disait Madeleine Baroney ; ce n’est peut-être qu’un enfantillage dont elle se repent déjà. C’est peut-être plus sérieux et alors, elle est bien à plaindre. » Et Madeleine songea qu’il avait manqué à Marthe, en ces années si délicates de la formation de la jeune fille, la présence d’une mère. Mais il fallait qu’elle parlât à son tour