gence, descendants des génies sivaïques et des démons malfaisans du lamaïsme, mais dans le Bouddhisme japonais, mis au service de Dainichi Nyôrai contre les Asûras ou mauvais esprits. Le principal d’entre eux est Fudô, le dieu du glaive et du lacet, flanqué de ses acolytes Kongara et Seitaka, émanations des Bodhisattvas Kwannon et Miroku comme lui-même l’est du Bouddha suprême.
La doctrine ésotérique se proposait en outre de détruire l’illusion des sens et d’éteindre les passions par l’ascétisme et l’absorption de l’esprit et du corps dans l’essence du monde, atteignant par là le but le plus profond du Bouddhisme. Elle était très fortement imprégnée de symbolisme : L’image des dieux était souvent remplacée dans les textes de la secte par des caractères sanscrits bien calligraphiés. Kôbô-Daishi réglementa les rites et les symboles en créant des canons (giki). Mais il fallut faire comprendre au peuple cette doctrine très élevée et la matérialiser à ses yeux. De là la multiplication des cérémonies et en particulier des kajikitô (incantations et prières) pour implorer le secours de la divinité contre les calamités naturelles, vaincre les maladies et les ennemis. Le peuple s’efforça d’attirer les bénédictions du Bouddha sur la terre en faisant œuvre pie, en bâtissant des temples et surtout en les peuplant de statues et de peintures. De là le grand nombre des prêtres qui manièrent le pinceau ou le ciseau pour la plus grande gloire de la divinité. On s’efforça de donner aux fidèles une représentation complète du paradis : dans des Mandalas ou « ensembles parfaits, » fut figuré l’univers par le groupement des divinités principales. On sait que Kôbô Daishi en personne créa un de ces Mandalas dans le temple Toji de Heian au commencement du IXe siècle.
La période de Heian produisit des peintures et des statues dans lesquelles on s’efforça de révéler la personnalité de chaque dieu, par l’expression autant que par l’attitude données à son image. La première place fut accordée désormais aux divinités dont l’individualité se trouvait le plus fortement marquée, à ces dieux en colère que sont les Myô-ô : on voulut inspirer ainsi au peuple une crainte salutaire. En revanche, les Bouddhas et Bodhisattvas détachés de tout désir et noyés dans la béatitude céleste furent exprimés par des images majestueuses, mais en même temps pleines de grâce et de beauté. Il est à remarquer, d’ailleurs, que les traditions artistiques chinoises venaient agir