d’une existence sans surprise, toute réglée et prévue d’avance : du jour où l’œil vif de nos éphèbes aurait découvert des raisons d’agir réelles et immédiates, observé des exemples convaincans, ils ne seraient pas les derniers à l’œuvre et à la peine.
Je voudrais que nos jeunes filles pussent faire le même voyage et les mêmes séjours : des institutions de toute sécurité et repos pour la santé morale et physique, abondent aux États-Unis et au Canada, et j’ose dire, qu’aux États-Unis notamment, l’entraînement intellectuel de la jeune fille est infiniment supérieur à tout ce que nous pouvons supposer en France, en Belgique, en Angleterre. La volonté « d’être soi » est non moins affirmée dans un sexe que dans l’autre ; les méthodes d’éducation de la femme ont un caractère très original et très pratique. La femme américaine est, peut-être, le produit le plus remarquable de la transplantation des vieilles races sur le jeune continent. Une jeune femme du monde Française, ayant reçu une légère teinture de l’exotisme américain, ne perdrait rien de son charme et gagnerait en saveur, en richesse intellectuelle et en possession de soi-même.
C’est cette qualité, le self control, qui serait pour les jeunes Françaises, et pour tous les Français en général, le principal bénéfice d’un contact plus étroit avec l’Amérique du Nord : la surveillance du « moi » est l’objet constant des soins éducatifs soit dans la famille, soit dans les écoles. Habituer les gens à réfléchir sur les conséquences de leurs actes, n’est-ce pas les adapter à la vie ?
Une anecdote donnera l’idée de la vigilance des parens et de la tendance naturelle des enfans à ce sujet : en visite à New-York chez des amis, je trouvai la mère dans une inquiétude mortelle. Ayant à s’absenter pour l’heure du déjeuner, elle avait envoyé son fils, un bambin de neuf ans, prendre son déjeuner dans sa propre famille, à quelques pas de la maison. Elle rentre chez elle à la fin de l’après-midi, au moment où l’enfant est d’habitude revenu de ses classes. Il n’est pas là. Elle téléphone. L’enfant est parti après le repas ; on ne sait rien de plus. La pension est fermée, pas de nouvelle à obtenir de ce côté. L’enfant n’arrive pas, l’inquiétude s’accroît, on envoie les domestiques. Tout à la fin de l’après-midi, l’enfant s’amène tranquillement. On le questionne. Que s’est-il passé ? — La chose la plus simple du monde. En sortant de l’école, supposant que