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ESSAIS ET NOTICES



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L’ABBAYE DE CHÂALIS


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Dans le legs fait à l’Institut par Mme Édouard André figure, comme on sait, le domaine de Châalis. Au milieu du siècle dernier, cette terre appartenait à une amie de M. Thiers, Mme de Vatry. Une jeune artiste, dont Paris commençait à s’occuper, cliente ou protégée de cette dame, venait passer l’été chez elle à la campagne. Elle s’éprit vivement d’un site incomparable, des forêts, des étangs, des ruines qui ajoutent à la beauté des lieux le charme des souvenirs de l’homme, et composent dans cette contrée le plus inattendu des paysages historiques. En juin 1902, Mlle Nélie Jacquemart, devenue la veuve d’Édouard André, acquit des héritiers de Mme de Vatry la terre qui lui représentait l’image de sa jeunesse. Elle y régna dix ans, s’appliquant à orner, à embellir encore cette demeure désirée. Elle la laisse en mourant à l’Institut de France, avec le reste de sa fortune, son hôtel de Paris et ses collections célèbres.

Les collections de Châalis sont loin de valoir celles de Paris ; elles n’offrent que peu d’objets très remarquables. Mais il y a le cadre ; il y a l’abbaye elle-même, avec ses monumens, les restes de son église gothique, ses fresques italiennes, son château du xviiie siècle, son parc, ses miroirs d’eau, et l’enceinte infinie des bois qui l’environnent. Là s’écoulèrent sept siècles de vie religieuse, — un noble et long fragment de l’histoire nationale. C’est vraiment une parcelle de notre patrimoine dont la conservation se trouve désormais assurée, et qui fait retour ainsi à l’héritage commun.