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l’agriculteur a bénéficié. Produisant plus de matières premières et de denrées alimentaires, sur un sol mieux cultivé, ce cultivateur est devenu un consommateur plus exigeant. L’immense consommation de l’agriculture plus productive et plus riche a provoqué l’accroissement de la production industrielle en contraignant cette dernière à réclamer des travailleurs nouveaux qu’elle attire par des salaires plus élevés. La prospérité de l’agriculture n’a pas d’ailleurs été entravée par cette épreuve spéciale qu’elle supporte vaillamment, dont elle triomphe même intelligemment depuis quarante ou cinquante ans, car l’exode rural, imposé par la force des choses, est un fait observé depuis longtemps.

Enfin l’augmentation de la population industrielle constitue pour l’agriculture un encouragement, parce qu’elle lui ouvre un débouché.

En laissant de côté les considérations secondaires qui expliquent d’ailleurs l’exode rural ou en atténuent visiblement les dangers apparens, on peut voir que ce phénomène n’est pas la condamnation de notre régime social, pas plus qu’il n’est le signe précurseur de la ruine de l’agriculture.

Il convient, croyons-nous, de le juger ainsi, de l’accepter comme une nécessité, comme une conséquence de notre évolution économique générale, de le critiquer parfois, mais avec mesure, de le redouter au point de vue moral avec clairvoyance, mais surtout de l’apprécier avec discernement.


D. ZOLLA.