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que, pour la première fois, Guillaume accédait, en quelque mesure, à l’idée de réviser les lois, et l’on eut l’habileté de conclure que son message aplanissait le terrain, pour « un pas nouveau. »


I

Un pas, c’était beaucoup ; le cardinal Jacobini, dans la note qu’il remettait au ministre Schloezer le 19 janvier 1883, puis Léon XIII en personne, dans la lettre que le 30 janvier il expédiait à Guillaume, proposaient, en réalité, par une ingénieuse tactique, un échange de demi-pas. Ils disaient en substance à la Prusse : Procédez à une révision partielle des lois, garantissez-nous, pour l’instant, le libre exercice de la juridiction et du ministère ecclésiastiques et la liberté pour l’Eglise de former ses clercs comme elle l’entend ; et tout de suite, nous autoriserons les évêques à soumettre au pouvoir civil les noms des curés, pour la collation des cures présentement vacantes, mais de celles-là seulement. Puis, dans une seconde étape, vous achèverez, vous, de réviser les lois de Mai ; et nous ensuite, de notre côté, nous nous mettrons d’accord avec vous, pour admettre et pour régler d’une façon permanente cette obligation des évêques à votre endroit. La note du cardinal, la lettre du Pape, étaient cordiales de ton, pacifiques d’esprit.

Mais on sentait à Berlin qu’à l’abri de ces phrases souriantes le Vatican se maintenait dans une grande réserve, confinant à la défiance ; la Prusse en fut choquée. Cinq mois durant, des communications s’échangèrent entre Schloezer et Jacobini, dialogues moroses et stériles, auxquels faisait écho, là-bas à Berlin, un dialogue public, plus pressant, plus cassant, entre le Centre et les ministres.

« Qu’on avance les négociations, s’exclamait Windthorst au Reichstag. La misère du peuple catholique crie au ciel. » C’est surtout au Landtag que Windthorst ne se lassait pas de la crier : la discussion du budget des cultes, en février et mars, fut, de la part du Centre, un perpétuel assaut. Schorlemer-Alst, d’abord, le 22 février, désirait apprendre du ministre Gossler pourquoi l’on avait fait une si maigre application de la loi de 1882, pourquoi l’on n’avait, par exemple, rappelé aucun évêque. « La faute en est à vous, répliquait Gossler, à vos manœuvres bruyantes pour le rappel de l’archevêque de Cologne, à l’intolérance