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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 11.djvu/926

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La biche avec le faon : lui qui ne peut la suivre,
Elle qui pourrait fuir et ne veut lui survivre ?
Tu n’auras de bonheur que d’entendre gémir,
Mais ton cœur endurci ne saura plus frémir ;
Et quand tu rêveras, jalouse, à d’autres joies
Que celles d’effarer et dépouiller des proies.
Tu tâcheras d’aimer, mais tu n’aimeras pas ;
Aucun homme, aucun Dieu ne t’ouvrira ses bras.
……………………
Et tu seras réduite, amante au front blêmi,
A venir te pencher sur un pâtre endormi,
Ignorant que sa bouche est auprès de la tienne.
Pour te faire un baiser furtif de son haleine.
Image d’abandon et de stérilité.
Dans le ciel par ton front glacial contristé
Tu passeras sans fin, déçue et solitaire.
Car je tends contre toi mes mains vides de mère.
Et je montre le sang qui profane mon sein
Aux vastes Lois du monde, à l’éternel Destin ! »

Niobé ! Niobé ! comme tu semblais grande
Quand tu lanças ces mots, quand tu fis une offrande
De ta désespérance à des Pouvoirs vengeurs !
Tes yeux étincelans avaient brûlé leurs pleurs !
C’était toi l’Immortelle et la Dominatrice !
Artémis avait fui, le ciel gardait l’indice
De son passage affreux dans son nuage d’or.
…………………………


AUGUSTE ANGELLIER.