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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Le sort en est jeté : la péninsule des Balkans a pris feu et personne ne peut dire ni combien de temps l’incendie durera, ni jusqu’où il s’étendra. Il y a quinze jours, à la fin de notre chronique, nous reproduisions un propos tenu par le roi de Monténégro dans une interview : par respect pour les intérêts de la Russie, disait-il, et bien que la paix coûtât plus cher que la guerre, il renonçait à celle-ci ; et c’est ce même roi Nicolas qui, quelques jours plus tard, ouvrait ex abrupto les hostilités.

A parler franchement, le fait ne nous a pas surpris : nous le serions plutôt qu’on ait pu conserver l’espoir de sauver la paix après les mobilisations simultanées des quatre puissances balkaniques, la Bulgarie, la Serbie, la Grèce et le Monténégro lui-même, car on chercherait vainement dans l’histoire l’exemple d’une mobilisation qui, une fois faite, n’ait pas amené la guerre. La Bulgarie, en particulier, ne pouvait pas démobiliser après avoir mobilisé. Si on nous permet de nous citer nous-même, nous rappellerons ce que nous écrivions dans la Revue du 1er septembre dernier. Après avoir parlé des démarches faites déjà à Cettigné pour calmer l’effervescence du pays : « Il s’en faut de beaucoup, disions-nous, que le péril soit définitivement conjuré. Les nouvelles contradictoires alternent du jour au lendemain : tantôt on assure que le Monténégro mobilise, tantôt on assure que les bons conseils des Puissances ont produit leur effet et que l’affaire est arrangée. Malheureusement, des affaires ainsi arrangées sont toujours exposées à se déranger de nouveau, et le Monténégro est un des points des Balkans sur lesquels il faut toujours avoir les yeux ouverts. Il en est de même de la Bulgarie, où il y a aussi un roi de fraîche date et un peuple sérieux, laborieux, ambitieux, muni d’une armée bien outillée, bien commandée, dit-on, et