du reste, il ne faut pas leur reprocher tout de go, ni trop durement, car ils peuvent être ceux quibus non risere parentes, ou ils peuvent être des êtres d’action impatiens d’agir, etc. ; — et ceux qui sentent très nettement à dix-huit ans ce que l’on ne sent d’ordinaire qu’entre soixante-dix et quatre-vingts, à savoir que l’enfance est la seule chose qui puisse permettre de pardonner à la vie. Ces derniers sont des âmes profondes, qui, s’ils sont doués du bien dire, sont poètes, au moins pour un temps, dans la plus exquise acception du mol.
Or M. Mauriac est doué du bien dire, et je dis doué, car aucun poète n’est autant que lui exempt de toute imitation, de tout souvenir de lecture, peut-être même ou à peu près de toute lecture. « Soyez vous-même et n’ayez pas de mémoire, » disait Massenet à ses disciples, M. Mauriac n’a pas de mémoire ou ne veut pas en avoir. Il n’a que celle de lui-même. Mais comme il l’a bien !
De la douceur du passé !
Un enfant triste se lève ;
Il a les yeux pleins de rêve
Des vieux pastels effacés.
Son regard qui se souvient
Sourit d’un triste sourire
Et toute la nuit l’attire
Vers moi qui le connais bien.
Ce crépuscule ressemble
Aux soirs anciens qu’il aimait.
Le même souffle embaumait,
Nos rêves chantaient ensemble.
Le vent de ce soir, le vent
Frôla jadis les mains lasses
Des petits garçons rêvant
Dans le sommeil lourd des classes.
Et notre enfance fluette
Pleure dans la vieille cour
Où sa tendresse inquiète
Fut comme une aube d’amour.
Et c’est ce retour vers les années bleues qui lui inspire les Vacances de Pâques, les Grandes vacances, réminiscences de tout ce qui, autrefois, fut frais, vif et plein, et qui maintenant,