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La faveur de l’opinion publique et l’arrivée de M. Millerand au ministère de la Guerre, en janvier dernier, ont heureusement modifié la situation. On a pu s’en rendre compte aux manœuvres de septembre, où les officiers étrangers ont été surpris de voir le service de la « reconnaissance aérienne » fonctionner, non seulement avec efficacité, mais régulièrement, comme les autres services.

A la fin de cette année, nous serons en mesure de mobiliser 27 escadrilles d’avions (aéroplanes) de campagne, et 5 de place, soit au total 344 appareils, avec un personnel spécial (officiers-pilotes, observateurs, mécaniciens, etc.) d’environ 700 officiers et sous-officiers, non compris les auxiliaires. Dans le courant de l’année prochaine, trente centres d’aviation seront établis.

Ce grand effort peut paraître modeste, eu égard aux circonstances. Mais le nombre des appareils utilisables est limité par l’obligation d’avoir un nombre équivalent de pilotes. Or, la plus grande difficulté de l’utilisation militaire de l’aviation, — et nous verrons tout à l’heure que cette remarque s’applique aussi à son utilisation navale, — est la nécessité d’instruire un nombreux personnel. Cette instruction, quant à la manœuvre des appareils, doit être parfaite, afin d’éviter les accidens, et ne peut le devenir que par une assez longue pratique. Les aptitudes des candidats ne sont reconnues qu’au cours des exercices ; il faut donc prévoir des éliminations.

Cependant il faut prévoir aussi l’inévitable et rapide développement de l’emploi de l’aviation à la défense, tant navale que territoriale. Il y aurait donc avantage immédiat et, pour l’avenir, sérieuse économie, à donner aux installations fixes (terrains d’atterrissage, remises, dépôts d’essence, matériel de transport, ateliers de réparations, complément du réseau téléphonique), aussi bien qu’aux écoles d’aviation, une ampleur répondant à des besoins beaucoup plus étendus que ceux de la flotte initiale.


VI

D’après les résultats acquis, il est aisé de définir les applications dès à présent réalisables dans le service de la Marine, et de prévoir celles qui le deviendront probablement avant peu.