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les propositions qu’elle a adoptées. Je suis d’accord avec sir Joseph Ward pour dire que l’un des emplois les plus importans, sinon le plus important que nous ayons fait de notre temps, a été la discussion de questions sur lesquelles nous nous sommes volontairement abstenus de conclure pour le moment. Nous avons éclairci l’atmosphère, nous avons défriché le terrain, nous sommes arrivés à mieux comprendre nos besoins respectifs et réciproques. Nous voyons, dans une perspective et une proportion plus exacte, l’importance de plusieurs de nos problèmes impériaux. C’est un résultat que nous n’aurions pu atteindre autrement qu’en assemblant les hommes d’Etat responsables des différentes parties de l’Empire, pour leur permettre d’échanger leurs opinions en parfaite liberté, chacun d’eux exposant la manière de voir à laquelle l’a conduit son expérience locale…


L’un des principaux ministres anglais, lord Haldane, dit, de son côté, au National liberal Club, lorsque y furent reçus les délégués coloniaux :


Si l’on me demandait ce qu’il y a lieu de faire à l’avenir, je répondrais qu’il faut développer ce qui s’est fait dans le passé. Ce dont nous avons besoin, c’est de faire de ces réunions des hommes d’État de l’Empire une sorte d’habitude. Ces conférences doivent être développées et étendues, et si elles ne se tiennent pas toujours à Londres, tant mieux. De cette manière, nous unirons l’Empire par des desseins communs et des intérêts communs, — intérêts et desseins qui seront toujours présens, consciemment ou non, à l’esprit des hommes.


De ces conférences multipliées et développées que les représentans de l’Empire tiendraient tantôt à Londres, tantôt au Canada, en Afrique australe ou en Australie, — ceci est un vœu très cher aux ministres coloniaux, — sortirait graduellement, si elle répond vraiment à un besoin, une constitution de l’Empire, dont il serait imprudent de tracer un ‘plan prématuré. Dans bien des cas il en résulterait, en attendant, des résolutions positives, comme il en est sorti déjà des conférences antérieures et de celle de l’année présente. M. Asquith, en passant en revue l’œuvre de la conférence de 1911, n’a pas manqué d’insister sur cette possibilité de l’action pratique, parfaitement compatible, sous certaines conditions, avec le plus strict respect de l’indépendance locale.


La caractéristique de l’esprit de la Conférence, c’est que, si nous devons tous conserver sans aucune entrave, ni aucune atteinte, notre absolue autonomie locale, cependant, là où l’uniformité, du moins la similitude, ou la coopération, est possible on ce qui concerne la législation aussi bien que l’administration, telle doit être la clef de voûte de notre politique.