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moins actifs ; il y aura moins d’émissions de titres nouveaux et moins d’achats de titres anciens.

Un point encore obscur est l’Amérique. Sous certains rapports, la situation des Etats-Unis apparaît comme favorable ; c’est ainsi que le commerce extérieur présente, pour les sept premiers mois de 1911, un excédent d’exportation qui n’est pas inférieur à 1 200 millions de francs. Ce chiffre est le plus fort qui ait été enregistré depuis 1908. Mais le président Taft, tout en prononçant beaucoup moins de discours que M. Roosevelt et en brandissant moins que lui le big stick (le gros bâton), poursuit, avec une ténacité singulière, la dissolution des trusts industriels. Or, c’est sous le régime de ces trusts que l’industrie américaine agrandi. Rien ne prouve qu’elle ne puisse pas prospérer avec une organisation différente ; mais il est clair que la menace d’une perturbation pareille fait naître tout au moins une certaine incertitude sur l’avenir des industries du fer, de l’acier, du pétrole et de quelques autres. Déjà la Cour suprême de Washington, a enjoint à la Standard oil Company et à la Tobacco Corporation de se dissoudre. En admettant que la direction des entreprises, dont le groupement sous une main puissante assurait le succès, ne soit pas modifiée, il n’en est pas moins à craindre qu’à la longue l’édifice construit par quelques hommes ne puisse être maintenu par leurs successeurs et qu’il faille envisager une nouvelle évolution, dont la portée n’apparaît pas encore.

Le fonds de la richesse américaine n’est point atteint par ces attaques : mais les modes de distribution pourraient subir de graves altérations. Les récoltes sont en dehors du problème ; la production agricole, dont la valeur annuelle est de plus de 40 milliards de francs, continuera sans doute à se développer. La production du bétail peut être quelque peu influencée par les trusts de la viande ; celle du mais par ceux des distillateurs, l’une et l’autre toutefois dans une faible proportion et d’une façon passagère : car ce qui les gouverne en définitive, c’est la demande des consommateurs, quels que soient les intermédiaires. Mais les usines ne fonctionnent pas indépendamment des résultats financiers qu’elles donnent ; si parfois elles travaillent à perte, ce n’est qu’un phénomène passager ; elles ne peuvent vivre d’une façon durable que si elles procurent des bénéfices aux capitaux engagés. Elles dépendent à