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et du Congo, et du Congo en échange du Maroc. M. de Mun poursuit, par cette autre question, qui est la quatrième : « J’ai demandé pourquoi nous payons, je demande maintenant ce que nous achetons. Je ne le vois pas clairement. Je ne vois même pas que nous eussions besoin de rien acheter. Si l’Allemagne n’a pas protesté quand nous sommes allés à Fez, c’est, je suppose, qu’il y avait entre elle et nous l’accord du 9 février 1909. Cet accord de 1909, est-ce que vous ne nous en ferez pas l’histoire ? » Les journaux, par qui nous savons le peu que nous savons, et c’est vraiment peu, « les journaux secourables nous ont appris qu’à l’accord de 1909 était jointe une pièce annexe, une dépêche explicative, dans laquelle l’Allemagne spécifiait très nettement son désintéressement des affaires politiques du Maroc, étant entendu que, lorsqu’il s’agirait des affaires commerciales engagées par les nationaux des deux pays, il serait tenu compte de ce fait que les intérêts français sont, au Maroc, supérieurs aux intérêts allemands. Est-ce vrai ? Cette dépêche existe-t-elle, oui ou non ? Si elle existe, il faut la montrer ; sinon, il faut la nier. » Soyons encore une fois secourables à M. le comte de Mun. Le gouvernement ne nous a, non plus qu’à lui, montré cette dépêche ; mais, tout de même, oui, elle existe ; nous en avons vu, nous en avons tenu en main une copie qui vaut l’original, et elle dit bien ce que la presse lui fait dire. Mais laissons ce point pour les discussions futures, et passons au suivant, le cinquième, à peine distinct de celui-là : « Qu’est-il advenu de cet accord de 1909 ? Comment ont été tenus les engagemens qu’il stipulait ? » Maintenant, descendons aux détails. Dans la pratique du protectorat que nous achetons, bien que, par une pudeur étrange, le « marché » ne nomme pas la marchandise, ou ne la nomme qu’en marge et qu’à côté, toujours dans une lettre explicative (Seigneur ! que d’explications de choses qui sont ou devraient être elles-mêmes des explications ! ), dans la vie quotidienne du Maroc protégé par nous, comment fonctionneront tous ces organismes, la banque d’État, le comité des douanes, la commission des adjudications, les chemins de fer ? « Comment se combiner ; , ! a souveraineté de la puissance protectrice avec le maintien de la direction internationale dans l’administration du Maroc ? » Ce qui revient presque ou amène à demander : « Pourrez-vous nous dire ce qui subsiste et ce qui disparaît de l’acte. d’Algésiras dans le nouveau régime ? » En cet endroit, l’Officiel ne relève rien ; mais M. le président du Conseil, M. le ministre des Affaires étrangères, le président de la Commission et son rapporteur font de la tête, comme à l’envi, des signes affirmatifs. Sixième question, et,