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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 7.djvu/359

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bataille de Salamine, la Pythonisse apparaît encore dans toute sa majesté. C’est l’heure émouvante, le moment décisif des guerres médiques. Xerxês a franchi les Thermopyles et va envahir l’Attique avec son immense armée. Il s’agit de savoir pour les Athéniens s’il faut rester dans leurs murs ou abandonner la ville à l’ennemi. Après les cérémonies d’usage, les députés d’Athènes prennent place sur leurs sièges dans l’intérieur du temple de Delphes. La prêtresse Aristonica sort de sa grotte, vêtue de blanc, les yeux hagards, pâle comme la mort sous sa couronne de laurier. Ses cheveux à moitié dénoués s’échappent de sa bandelette et tombent en désordre sur ses épaules. Un frisson d’épouvante secoue tout son corps. Elle clame, en scandant ses paroles solennelles comme des vers : « — O infortunés, pourquoi vous asseyez-vous ? Fuyez aux extrémités de la terre. — Abandonnez vos demeures et les hauts sommets de votre ville ronde, — car ni la tête ne demeure solide, ni le corps, ni l’extrémité des pieds ou des mains ni rien des membres — ne subsistent ; mais la destruction les efface ; car sur le toit tombent — la flamme et l’impétueux Mars accompagnant le char syrien. Les immortels suent dans leurs temples — et du faîte de leur toiture s’écoule un sang noir… — Sortez du sanctuaire… à vos afflictions opposez le courage… »

Après cet oracle fatidique, la Pythonisse, effrayée de ses propres paroles, éclate en sanglots et se retire. Désespérés, les Athéniens se jettent à terre et demandent grâce. Un Delphien les décide à revenir avec des rameaux de supplians pour obtenir une réponse plus favorable. Cela dure un moment. Plus calme cette fois-ci, mais plus impérieuse, la Pythonisse sort de son antre et prononce :

« Pallas ne peut apaiser Jupiter Olympien. — Je te dis à toi