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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 7.djvu/370

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libage de choix, puisque la pierre de Saint-Leu coûtait 64 francs seulement à Versailles, pour le château, et que les murs du Louvre ou des Tuileries se payaient 56 francs le mètre superficiel. Je n’ai pas remarqué, au XVIIIe siècle, pour le mètre cube, de chiffres inférieurs à ceux de Bordeaux (69 francs) ou de Tulle, en Limousin (80 francs), tandis que la même sorte de pierre était comptée 137 francs à Lyon (1748).

La pierre de Conflans, destinée aux façades de la place de la Concorde, figure au devis (1760) pour 113 francs le mètre cube, non taillé, rendu sur le port. Or cette même qualité, cotée officiellement 116 francs dans la plus récente série de la ville de Paris (1909) et vendue pratiquement 94 francs, d’après les rabais constatés au Moniteur de l’Entreprise, se trouve être aujourd’hui meilleur marché que sous Louis XV. Quant au « banc tendre » ou « banc royal « de Saint-Leu, sa valeur est peu supérieure à ce qu’elle était sous Louis XIV.

La pierre de taille, aujourd’hui usuelle pour les façades, était d’ailleurs un luxe très rare, même dans les bonnes villes ; son prix importait peu au vulgaire. Mais le moellon n’était guère moins coûteux que de nos jours : à travers l’incohérence apparente des chiffres au moyen âge, depuis 1 fr. 20 et 2 francs, la « voiture » dans les Ardennes ou la Franche-Comté, jusqu’à 8 francs à Paris ou Orléans, et 13 francs à Nantes ; parmi des variations aussi brusques, aux XVIIe et XVIIIe siècles, de 1 franc la charretée à Rodez ou Clermont-Ferrand jusqu’à 5 francs à Nîmes, 8 francs à Bordeaux ou à Toulouse, il est aisé de discerner entre ces extrêmes que le prix moyen de la « pierre à maçonner, » — aux environs de 4 francs le mètre cube, — était égal à ce qu’il est présentement sur l’ensemble du territoire français, soit que le transport, soit que l’extraction elle-même, plus onéreuse avec des outils moins bons et la poudre de mine plus chère, aient compensé le taux minimum des anciens salaires.

Il existait des briques à bon marché, — depuis 30 francs le mille, — mais si mauvaises et si mal cuites, que leur emploi n’offrait aucun avantage et, de fait, leur débit était insignifiant. La brique de bonne qualité valait de 80 à 100 francs le mille au moyen âge ; elle diminua aux temps modernes, surtout dans les ports, de Boulogne à Nantes, où était importée par mer la brique de Hollande. Paris faisait venir la sienne de Bourgogne et la payait une cinquantaine de francs sous Louis XV. Dès le