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crois pas, mais il était sage de le préparer. Les conditions du concours d’aéroplanes militaires qui vient d’avoir lieu constituent à mon avis une première étape vers l’aéroplane de guerre définitif. Combien faudra-t-il parcourir de nouvelles étapes pour atteindre le but final ? Une ou deux, à mon avis. En attendant, c’est déjà un résultat très appréciable que de pouvoir faire 300 kilomètres en emmenant un pilote, un observateur et un troisième voyageur, qui pourra être soit un mécanicien, soit un deuxième pilote ou un deuxième observateur, ou mieux encore un aviateur apte aux deux fonctions et pouvant suppléer soit l’un, soit l’autre de ses compagnons.

Lorsque le programme du concours de 1910 fut publié, quelques-uns le trouvèrent trop facile, et s’étonnèrent qu’on ne demandât pas résolument les 600 kilomètres reconnus nécessaires. Je crois qu’en agissant ainsi, on eut fait fausse route ; il ne faut pas décourager les concurrens par des difficultés trop grandes. D’autres, au contraire, trouvaient le programme trop sévère et craignaient qu’il ne pût être réalisé. L’événement a donné raison aux organisateurs du concours.

140 appareils étaient inscrits, mais 32 seulement se présentèrent aux épreuves ; un fut éliminé comme étant de fabrication étrangère ; il resta donc 31 concurrens en ligne. Parmi eux, 9 réalisèrent les épreuves éliminatoires, qui consistaient à faire un certain nombre de voyages à durée limitée, mais à pleine charge, à atterrir dans des terres labourées, et à en repartir, et enfin à s’élever à 500 mètres de hauteur en moins de 15 minutes. Les appareils ayant subi victorieusement cette première épreuve furent admis à l’épreuve définitive, qui consistait à faire 300 kilomètres d’une traite (Reims, Amiens et retour). Huit y parvinrent et furent classés d’après leur vitesse. Le premier fut un monoplan Nieuport, qui atteignit une vitesse de 117 kilomètres ; le deuxième, un biplan Bréguet, qui en obtint 95 ; le troisième, un monoplan Deperdussin, qui dépassa 89 kilomètres ; les cinq autres appareils sont des biplans, dont les vitesses varièrent entre 87 et 67 kilomètres.

D’après les conditions du concours, l’Etat devait commander dix appareils au premier classé, six au deuxième et quatre au troisième. Il se trouvera donc ainsi en possession de vingt aéroplanes ayant déjà une capacité de transport et un rayon d’action très appréciables.