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des ressources eu personnel qu’elle assure à la flotte.

Il y a aussi, avons-nous dit, la question de qualité. Souvent les inscrits sont encore inaptes à la culture scientifique qu’exigent aujourd’hui les spécialités militaires. La proportion qu’ils prennent dans le recrutement de ces spécialités est faible et décroissante. On incorpore chaque année au nombre de matelots de pont hors de proportion avec les besoins (environ 40 pour 100). De 1890 à 1907, la quotité d’inscrits ayant obtenu ; des brevets a baissé : pour le canonnage, de 71 à 52 pour 100 ; pour la machine, de 14 à 10 pour 100 ; pour la timonerie, de 29 à 17 pour 100 ; pour la torpillerie, de 78 à 40 pour 100 ; le rester provenant surtout des engagés volontaires.

Ces chiffres font paraître l’impossibilité de former des équipages avec les seuls inscrits.

Au surplus, il ne s’agit pas seulement de moyennes. Le personnel de la marine n’est pas homogène, il est réparti en spécialités et en groupes à compétences très diverses. Il existe dix-huit spécialités comportant pour la plupart quatre degrés hiérarchiques. Cela fait près de soixante-dix catégories à entretenir en nombre. Il en est dont l’importance doit attirer particulièrement notre attention : celles des mécaniciens, chauffeurs et gradés de la machine. Elles s’alimentent peu parmi les inscrits d’origine, et cela se comprend. C’est dans les ouvriers des industries à terre que la marine doit puiser. La pratique du métier qu’ils ont exercé diffère à peine de ce qu’ils auront à faire à bord : il est incomparablement plus facile de compléter à cet égard leur formation antérieure, de les habituer à la vie sur mer et à la discipline que de transformer en chauffeur, en électricien, en mécanicien, un marin du commerce ou de la pêche. Si les avantages faits par la loi à l’inscrit maritime récompensent une préparation antérieure utile à la marine, accordons-les aussi bien à cet ouvrier mécanicien, précieux aujourd’hui ; et, si c’est un encouragement à servir dans la flotte ou militaire ou commerciale, attirons-le au même titre que le navigateur professionnel : nous en avons autant besoin.

La vérité est que le métier de la mer a perdu de sa particularité comme de ses dangers. Il s’est diversifié et souvent le caractère industriel l’emporte en lui sur le caractère maritime. La flotte de guerre, elle aussi, devient plus militaire et moins uniquement marine. Son union, sa ressemblance avec la flotte