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échange d’un impôt qui alimente la caisse des Invalides. Le fait même de naviguer, de mettre en mer une embarcation, nécessite pour un non-inscrit l’agrément des pouvoirs publics et un permis de circulation grevé d’un droit au profit de la même caisse. Dans la jouissance de ce monopole, les inscrits, au contraire, n’ont à payer ni droits, ni patentes. On leur accorde des concessions gratuites de portions de plages pour y établir des parcs ou pêcheries.

À ces générosités, l’Etat ajoute les pensions, dites de demi-solde, sorte de retraites ouvrières presque entièrement défrayées par le budget de la Défense nationale. La demi-solde est l’apanage des inscrits n’ayant pas acquis de droits à la retraite dans la marine de guerre, mais réunissant, à cinquante ans d’âge, vingt-cinq années d’embarquement, compris le temps de service à l’Etat. Dans le décompte des demi-soldes, on fait même entrer à titre de navigation des années passées dans l’armée de terre ou dans le personnel civil employé aux bureaux de la marine, du moins jusqu’à concurrence de dix ans. Ces pensions sont très supérieures à celles que prévoit le projet de loi sur les retraites ouvrières et peuvent atteindre 800 ou 900 francs. Une part, en moyenne environ la moitié, est reversée sur la tête des veuves et des orphelins. Le tout est servi par la caisse des Invalides.

Ce n’était pas encore assez, et la caisse de prévoyance, sorte d’association mutuelle obligatoire entre les armateurs et les inscrits, fonctionne sous la garantie de l’Etat et délivre des secours ou pensions aux marins blessés et à leur famille. Instituée en 1898, elle était alimentée par le versement de 1 1/2 p. 100 des salaires, tant par le marin que par son employeur. En 1905, la quotité du versement patronal a été augmentée pour pouvoir faire face à des secours plus importans. La marine, de son côté, paie, à titre d’avances, des frais de route aux marins qui veulent rejoindre leur quartier. Elle subventionne les sociétés formées par les gens de mer ou pour eux, en particulier les sociétés de crédit maritime. Elle entretient à leur usage et leur ouvre gratuitement des écoles d’hydrographie destinées à l’enseignement de la navigation, reçoit leurs fils de préférence dans les écoles, etc. La liste des menues faveurs et des menues subventions serait trop longue. Mais il est un point qu’il faut signaler, c’est l’intervention obligatoire de la marine dans le contrat de louage à bord des navires marchands. L’Etat impose