— J’ai causé, tout à l’heure, avec elle pour la première fois.
— Je m’en doutais... Ainsi, vous ignorez qu’on vient de décerner contre elle un mandat ?
— Mandat de justice ?... On va l’arrêter ?
— Simple comparution à la Vicaria de Naples..., du moins, pour le moment.
— De quel méfait l’accuse-t-on ?
— Vous a-t-on raconté l’histoire du prince Gaétan ?
— Son mari ?... Il s’est tué.
— On... l’a... tué.
— Allons donc !... Le prince s’est coupé la gorge avec un rasoir.
— Pshaw ! un rasoir !... Et l’arsenic qu’on a trouvé dans les viscères ? Qu’en faites-vous ?
— J’ignorais ce fâcheux détail.
— Les deux tourtereaux, Gaétan et Mlle Diva, s’étaient fait par contrat de mariage donation réciproque de leur fortune... Comprenez-vous, à présent ?
— Rien ne prouve qu’idolâtrant sa femme et désespéré par ses mépris, le prince n’ait pas voulu se donner la mort. D’ailleurs, pourquoi une instruction aussi tardive ?
— La veuve se croyait à l’abri de tout soupçon ; mais une lettre anonyme l’a dénoncée ; les parens, neveux et cousins s’émurent ; ils ont porté plainte ; on exhuma le corps de Gaétan, et l’autopsie révéla que le sucre en poudre n’est pas toujours hon à manger.
— Non, monsieur Sullivan !... Calomnies et vengeances de gens frustrés de leur héritage !
— Oh ! Mlle Diva, nul n’en doute, sortira indemne de cette aventure.
— Parbleu ! si elle est innocente.
— Monsieur, lorsqu’une jolie femme peut s’asseoir sur les genoux de son juge, elle est toujours innocente.
— Vos magistrats italiens ont le cœur bien sensible !
— Et les vôtres, monsieur le Français ?...
L’atrocité de telles insinuations me rappela mon entretien avec l’austère Meurisier. Parlant de Davison, il m’avait dit : « On l’a aidé à mourir. » Ainsi, deux époux ; deux suicidés ; deux accusations de meurtre !... Inquiétante Diva !... Toi aussi,