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AUTOUR DUNE MISSION DIPLOMATIQUE[1]
1799


I

Durant la soirée tragique du 21 décembre 1798, qui vit le roi de Naples Ferdinand IV et sa femme la reine Marie-Caroline s’enfuir de leur capitale à l’approche des Français et s’embarquer avec leur famille sur un navire anglais commandé par le contre-amiral anglais Nelson, une chaise de poste sortait de la ville à la faveur de la nuit, tandis que par les rues populeuses qu’elle avait évité de traverser grondait l’émeute dont les souverains s’étaient effrayés, non moins que de l’invasion qui menaçait leurs Etats et qui les avait décidés à se réfugier en Sicile. Elle emportait le marquis de Gallo, ministre des Affaires étrangères du gouvernement napolitain. Il se dirigeait par Caserte vers Manfredonia, petit port situé sur l’Adriatique où il devait s’embarquer pour Trieste et de là gagner Vienne. Il était chargé d’une mission urgente et

  1. Les principaux élémens de cette étude m’ont été fournis par l’intéressant ouvrage que le marquis di Somma di Circello a consacré à la mission du marquis de Gallo (Napoli, 1910) et par les rapports inédits du chevalier de Bray, envoyé de Bavière à la cour de Russie, dont divers extraits m’ont été communiqués par le colonel d’état-major belge, F. de Bray, qui prépare la publication des Mémoires de son aïeul et nous en a donné déjà le premier volume. J’ai consulté aussi ceux du duc de Gallo parus à Naples en 1888. Mais ils sont à peu près muets sur la Mission de Saint-Pétersbourg et ce silence ne peut s’expliquer que par la répugnance de l’auteur à en révéler les détails, alors qu’elle avait échoué. Il est à remarquer que les précédens historiens, et même le savant et regretté Albert Sorel, semblent l’avoir ignorée.