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il a rendu compte de toutes ses démarches à son gouvernement. Il pourra prouver qu’à plusieurs reprises, on l’en a remercié ; qu’on les a même encouragées, et, à cet égard, les dépêches du général Acton constituent un témoignage irrécusable. Elles démontrent que la cour de Palerme n’a pas ignoré les desseins et les démarches du marquis de Gallo, et que, lorsque celui-ci a cru devoir se confier à Razomowski, ambassadeur de Russie à Vienne, le consulter et solliciter ses bons offices, il s’est empressé de faire part au ministre Acton de ses entretiens avec le représentant du Tsar. C’est même par le rapport où il les résume que nous les connaissons.

Il y raconte qu’après de longues discussions, Razomowski lui a déclaré que pour « gagner ce procès, » il fallait qu’il allât lui-même en Russie.

— Paul Ier sera très flatté de cette marque de confiance, a dit le diplomate moscovite, et puisqu’il s’agit de demander des secours en faveur d’un allié. Sa Majesté Impériale trouvera fort raisonnable qu’on s’adresse à Elle de préférence. Mieux vaut débattre verbalement que par lettre toutes les questions que comporte l’intérêt bien entendu du roi de Naples. — « Il me conseille donc, mandait Gallo à Acton, d’entreprendre ce voyage, seul remède au mauvais état des affaires. »

Il résulte de ces détails que, dès la fin de mai, le marquis de Gallo était décidé à partir pour la Russie où, déjà, en 1787, il avait rempli une mission auprès de Catherine II. Résolu à ce voyage, il ne s’occupa plus que de le rendre efficace. A cet effet, il sollicita et obtint de l’empereur François une lettre autographe pour le Tsar et un ordre donné au comte de Cobenzl, ambassadeur d’Autriche à Saint-Pétersbourg, d’appuyer ses démarches. L’Impératrice de son côté lui donna deux lettres, l’une pour la Tsarine, l’autre pour la grande-duchesse Alexandra qui venait d’être fiancée au prince palatin de Hongrie.

Après ce que nous avons dit des dispositions de l’Autriche, on ne pourrait que s’étonner de la voir se prêter ainsi aux désirs du marquis de Gallo et favoriser ses projets si nous ne mentionnions qu’il n’avait confié à l’Empereur et à Thugut qu’une partie de la mission dont il venait de prendre l’initiative. Ils ignoraient encore qu’il se proposait d’accroître la puissance de son maître en Italie en obtenant pour lui un agrandissement de