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territoire. Ils croyaient qu’il s’agissait uniquement d’obtenir des secours pour consolider le roi Ferdinand sur son trône. Sans doute aussi, jugeaient-ils habile, en se montrant favorables à la négociation, de s’assurer un moyen d’y participer au besoin. Gallo qui, dans ses dépêches, se plaint si souvent des mauvaises dispositions de la cour de Vienne, reconnaît à plusieurs reprises la bienveillance qu’elle lui a témoignée en vue de son prochain départ. Il s’en félicite vivement tout en recommandant aux souverains siciliens le secret le plus absolu sur le but qu’il poursuit : « La moindre indiscrétion, écrit-il, ferait avorter notre ouvrage. »

Le 27 mai 1799, après avoir constaté, dans une longue dépêche au général Acton, qu’à Vienne, on ne faisait rien à l’avantage du roi de Naples, et néanmoins rendu hommage aux souverains d’Autriche, « pour les preuves d’amour et d’intérêt véritable, d’amitié solide et de respect filial » qu’ils venaient de donner, en facilitant son accès auprès du Tsar, à la famille royale de Naples, il ajoutait : « Je pars pour Saint-Pétersbourg rempli de confiance. »

À cette époque, aller de Vienne en Russie n’était point petite affaire. La lenteur naturelle des communications, résultant de la longueur du trajet, se trouvait aggravée sur la route la plus directe, celle de Galicie, par le passage des troupes russes qui se rendaient en Suisse. Pour éviter cet encombrement, Gallo prit la plus longue, celle qui passait par Varsovie et Grodno. Quoiqu’il voyageât nuit et jour, sa course ne dura pas moins de trois semaines. Le 22 juin seulement, il mettait pied à terre dans la capitale russe.


II

Le 1er août 1800, le chevalier de Bray envoyé de Bavière à Saint-Pétersbourg, faisant allusion au régime de terreur que la folie intermittente de l’empereur Paul Ier imposait à la Russie, écrivait à sa cour :

« En général, le corps diplomatique est très bien disposé ; mais la manière inconcevable dont on le traite, la violation continuelle des premiers principes du droit des gens qu’on exerce à son égard, jusqu’à refuser les passeports pour des courriers,