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fut en défaut. Il ne soupçonna pas qu’en lui demandant un mémoire et en le renvoyant à Rostopchine, Paul Ier voulait éviter de prendre des engagemens qui l’auraient lié pour l’avenir. Quoiqu’il ne fût pas entièrement satisfait de l’attitude de l’Autriche, il n’en était pas encore à se défier d’elle autant qu’il le fut bientôt après. Malgré son intention de favoriser les vues du roi de Naples, il ne voulait pas la mécontenter et déjà naissait dans sa pensée l’idée de s’en remettre à un Congrès qui se réunirait à Saint-Pétersbourg, du soin de résoudre les questions litigieuses. Il y donna suite quelques jours plus tard. Gallo fut averti que les représentans russes à l’étranger avaient reçu l’ordre de la soumettre aux puissances auprès desquelles ils étaient accrédités. Le rapport qu’à l’issue de cette entrevue, il envoya à Acton à Palerme, se ressentait de la confiance enthousiaste que lui avait inspirée le langage de l’Empereur. On en retrouve une preuve pareille dans la première réponse qu’il reçut de sa cour. A Palerme, on ne songeait pas encore à incriminer sa hardiesse.

Dès le lendemain, il entreprenait la rédaction du mémoire que l’Empereur lui avait demandé. Il avait été convenu que la chose resterait secrète entre eux. Mais Gallo ne pouvait pas en faire un mystère au duc de Serra-Capriola et, très probablement, celui-ci l’aida à rédiger ce mémoire, collaboration qui ne présentait aucun inconvénient puisqu’ils avaient les mêmes intérêts à défendre. Mais Gallo manqua de prudence, en consultant à plusieurs reprises lord Withworth, l’ambassadeur d’Angleterre, et en lui communiquant le mémoire en entier avant de le remettre à Rostopchine. Cette confidence allait devenir la source des incidens si pénibles pour lui qui entraînèrent sa disgrâce et firent échouer sa négociation.

Il n’y a pas lieu d’analyser ici ce mémoire qui développait les argumens qu’avait fait valoir Gallo dans sa conférence avec le Tsar. On les y retrouve tous, et il suffira d’en donner la conclusion qui les résume :

« Sa Majesté Napolitaine, loin de penser à faire des acquisitions, préférerait préalablement à tout que l’état politique de l’Italie fût établi tel qu’il était avant la guerre et la Révolution ; mais puisque, par la nature des choses, cela est devenu impossible, puisqu’il faut former des partages en Italie, et que les autres puissances y reçoivent nécessairement des augmentations