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et des indemnisations, le Roi ne peut pas se dispenser de songer à son équilibre et d’y pourvoir comme les autres, et restera plus que les autres exposé à de grandes vicissitudes. »

Dans ce langage, tout n’était pas également sincère. Il n’était pas vrai notamment, que le roi de Naples désirât préférablement à tout le rétablissement de l’état antérieur de l’Italie. Cet état étant détruit, il ambitionnait de tirer profit de sa reconstitution, et il souhaitait qu’elle eût lieu sur de nouvelles bases. Peut-être aussi, alors que la guerre continuait et que, malgré les victoires russes, les Français occupaient encore une partie de l’Italie, le moment était-il mal choisi par la cour napolitaine pour essayer de se tailler de nouvelles possessions dans la péninsule. Gallo ne paraît pas comprendre que ce défaut d’opportunité a pesé sur toutes ses propositions et a contribué à les rendre vaines. Mais, ce qui lui fut plus amèrement reproché, non sans injustice d’ailleurs, c’est d’avoir employé dans son mémoire les mots « indemnités » et « indemnisations. » On verra bientôt la cour de Palerme lui déclarer que ces expressions ont excité la malveillance « et produit le plus grand et le plus nuisible des troubles ; » qu’elles valent au Cabinet des Deux-Siciles l’accusation de vouloir chasser le Pape de ses domaines et de ne réclamer le concours des troupes russes que pour favoriser l’agrandissement des siens ; qu’en un mot, ces expressions contraires à la dignité royale ont été imprudentes.

Déjà Gallo l’avait reconnu en les retrouvant dans la réponse que, le 19 juillet, Rostopchine faisait à son mémoire. Par ordre de l’Empereur, le chancelier lui objectait « qu’on ne pourrait faire usage du projet d’indemnisations qu’il proposait qu’à la fin de la guerre. » Il reprenait aussitôt la plume pour affirmer « que le prix le plus précieux qu’en espérait le Roi n’était pas celui de son indemnité. » — « Je ne saurais assez exprimer à Votre Excellence que l’idée d’une indemnisation n’est pour Sa Majesté qu’une idée accessoire imposée par les circonstances. » Bientôt après, il protestera auprès du Cabinet de Palerme contre l’accusation d’imprudence dont il est l’objet. Il rappellera que les expressions qu’il a employées sont sanctionnées par le droit public et que toutes les puissances en font usage. L’Autriche veut s’emparer de toute l’Italie pour s’indemniser de ce qu’elle a perdu par la guerre et par le partage de la