Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 8.djvu/388

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il est à remarquer qu’elles étaient entièrement conformes à celles qu’avait développées dans ses entretiens avec le Tsar l’envoyé de Naples. On ne s’expliquerait donc pas le désaveu dont il allait être victime si l’on ne tenait compte à la fois de la duplicité de la reine Marie-Caroline, de celle du fatal conseiller qui ne cessait d’exercer sur elle une détestable influence et du trouble profond auquel ils furent livrés lorsque arrivèrent à Palerme les protestations de l’Autriche contre le mémoire du mois de juillet qu’on lui avait dissimulé. Ils se virent abandonnés par cette puissance. A plusieurs reprises déjà, elle s’était révélée malveillante pour la cour napolitaine. Que serait-ce donc maintenant, alors qu’elle se montrait à ce point offensée par la négociation engagée à son insu à Saint-Pétersbourg et alors surtout que le Tsar ne s’était pas encore prononcé sur la suite qu’il y donnerait. La situation était grosse de dangers. Pour y remédier, la Reine et son complice n’hésitèrent pas à sacrifier Gallo. Sous leur inspiration, le roi Ferdinand écrivit au Tsar la lettre dont parlait Acton dans la sienne.

C’est un long verbiage où se dissimule mal la similitude des vues du Roi avec les vues dont Gallo s’est fait l’interprète. L’hypocrisie en est éclatante et, ce qui est plus grave, c’est que le Roi semble oublier qu’il a donné carte blanche à son représentant, qu’il l’a laissé libre de ses actions et que tenu au courant de ses démarches successives, il les a toutes approuvées, notamment lorsque Gallo est parti pour la Russie. La dissimulation était poussée si loin qu’à propos de ce départ, le Roi osait dire « qu’il en avait été surpris » et ajouter, en ce qui touche l’agrandissement de son royaume : « que les démarches du même Gallo, quant à cet article, sont en contraste très frappant avec mes déclarations très positives depuis le commencement de la guerre. » Il en éprouvait une vive surprise et la peine la plus sensible.

« C’est dans le sein de Votre Majesté, écrivait-il, que je dépose mes regrets et mes inquiétudes... Je dois y présenter moi-même ma profession de foi avec la sincérité et la franchise dont je ne me suis jamais départi... Je la supplie de croire d’abord à l’assertion très positive que je lui présente qu’aucune instruction de ma part, commission ni projet n’ont pu motiver et autoriser des propositions d’indemnités... J’accepte avec reconnaissance l’examen et la discussion du sort futur de l’Italie