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approuvé ses démarches. Dans une lettre que lui écrivait le général Acton, à la date du 27 septembre, il est dit que les raisonnemens qu’il a fait entendre à l’empereur de Russie pour lui démontrer le tort que causerait aux Deux-Siciles et à l’Italie tout entière l’agrandissement de l’Autriche « n’ont pu que rencontrer le plein agrément de Sa Majesté » et en ce qui touche la nécessité d’établir entre les divers souverains italiens un juste équilibre, « tout a été justement observé. »

Mais, après ces éloges, on voit poindre le désaveu qui va frapper Gallo et lui infliger la plus cruelle des humiliations ! Sous une forme encore circonspecte et timide, Acton lui confia que son mémoire soulève des tempêtes. « Le Cabinet des Deux-Siciles a été taxé de vues avides par les malintentionnés. La malignité cherche à les étendre au désir de chasser le Pape de ses domaines. »

Dans la même lettre, cette confidence s’envenime d’insinuations perfides. Acton s’y fait l’écho de propos qui commencent à se répandre et d’après lesquels « le négociateur n’avait pas de mission directe et formelle et qu’il n’agissait que d’après ses inspirations personnelles, n’ayant aucun souci de l’approbation ou de la désapprobation de Leurs Majestés Siciliennes. » Acton mettait cette accusation au compte de la perversité des ennemis de la cour de Naples. Mais il n’en dissimulait pas les inconvéniens et la gravité. « Les temps actuels sont difficiles ; les épines que tant de grands intérêts suscitent partout, les jalousies entre les Cours, leurs passions et d’autres encore qui peuvent concerner individuellement les négociateurs rendent leur travail excessivement ardu, scabreux et hasardeux. » Après avoir ainsi préparé Gallo à ce qui lui restait à dire, Acton ajoutait que, « dans cette pénible épreuve de la malignité toujours vigilante, » le Roi avait cru devoir déclarer qu’il désirait uniquement la réintégration en Italie de toutes les puissances dans les domaines que chacune possédait avant la guerre et que c’était seulement pour le cas où ce rétablissement total serait empêché par un souverain déjà puissant et qui voulait s’agrandir, que le roi de Naples demanderait « un système d’équilibre qui balance et rassure l’existence de tous les Etats en Italie. » Enfin, comme conclusion, Acton annonçait à Gallo que leur maître venait d’écrire à l’empereur de Russie pour lui exposer ces vues.