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housien. La défaite, d’ailleurs, qui nous arrachait Mulhouse, détermina chez elle une crise qui n’est pas encore terminée. D’une part, en effet, les jeunes gens émigrèrent pour ne pas servir dans l’armée allemande, et déracinés, ne donnèrent pas au delà des Vosges ce qu’ils auraient donné, s’ils avaient continué, sur leur terre natale et sous le régime français, l’œuvre de leurs pères ; à la mort des parens, les grandes industries privées de chefs appelèrent des étrangers. D’autre part, ceux qui restaient pliaient avec peine leur patriotisme à fréquenter, même dans l’intérêt des affaires, les Allemands victorieux, et quelques-uns se confinaient même dans un farouche isolement. Mais l’histoire de Mulhouse est trop belle pour que les années qui viennent n’y ajoutent pas encore de belles pages, et surtout les âmes de ses citoyens sont trop ardentes pour ne pas lutter et ne pas triompher. « Vous trouverez légitime, disait M. Auguste Dollfus au cinquantième anniversaire de la Société industrielle qu’il présidait ; vous trouverez légitime qu’à l’aspiration vers le progrès, qu’à la devise : « en avant, » que nous recommandait Daniel Dollfus, nous en adjoignions une autre non moins nécessaire : « nous maintiendrons. » Tout l’avenir de Mulhouse est dans ces mots qui, loin de s’opposer, se complètent : « En avant, et maintenir. »

Paul Acker.