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mais il ne la précède pas : on l’a bien vu par les déclarations de M. Asquith qui, après avoir rendu compte à la Chambre des Communes de ses efforts et de leur impuissance, a terminé en disant que « le temps était un facteur vital en pareille circonstance. » Attendons qu’il ait produit son effet.

Mais quelle est la cause immédiate du conflit ? Depuis quelque temps déjà, la crise se préparait. Les mineurs étant l’élément le plus nombreux du monde du travail, les agens d’agitation exerçaient principalement sur eux leur influence. Il semble bien que les chefs des trade-unions n’aient pas été les auteurs du mouvement ; il s’est fait sans eux et peut-être contre eux ; on les trouvait trop modérés, on les accusait d’être inactifs ; des meneurs plus hardis ont décidé que le moment était venu de proclamer une grève monstre et de l’étendre à toute l’industrie des mines. Ils ont demandé deux choses : l’établissement d’un salaire minimum et l’acceptation, pour salaire, du taux qu’ils avaient fixé eux-mêmes dans la Fédération du 2 février dernier. Ce minimum de salaires n’est d’ailleurs pas le même dans les divers districts, où les conditions de la vie sont différentes : ils varient de 4 shillings 11 deniers dans le Somersetshire jusqu’à 7 shillings 6 deniers dans le Yorkshire. On voit que les mineurs anglais n’ont pas poussé l’amour de l’uniformité aussi loin que l’auraient fait peut-être les nôtres en pareil cas. Les patrons ont résisté : aussitôt les ouvriers ont annoncé qu’ils se mettraient en grève à partir du 1er mars. Alors le gouvernement est intervenu. En présence d’une menace dont l’exécution devait être une calamité sociale, il a cru devoir s’entremettre entre les deux parties pour essayer de les concilier et, distinguant dans les revendications ouvrières le minimum de salaires et le taux auquel H s’élèverait, il a reconnu la légitimité du premier et contesté celle du second.

Sur le premier point, le minimum de salaires, M. Asquith s’est exprimé comme il suit : « Nous avons, a-t-il dit à la Chambre des Communes, écouté avec la plus grande impartialité les griefs réciproques et nous en sommes arrivés aux conclusions que voici : — Il y a dans l’industrie minière des cas où les travailleurs, par suite de causes indépendantes de leur volonté et dont ils ne sauraient être tenus pour responsables, ne peuvent pas gagner un salaire minimum raisonnable. Dans un tel cas, un salaire minimum est de rigueur, un salaire minimum de district. Ce salaire doit être soumis à deux conditions : varier de district à district et être raisonnable. Dans tous les districts, il doit être accompagné de sauvegardes adéquates pour