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hauteurs tentaient-ils de sortir des fossés et des haies derrière lesquelles ils s’abritent, ils paient cher leur tentative.

Kirchbach, qui n’avait pu se résoudre à interrompre le combat alors qu’il paraissait heureux, croit impossible de l’arrêter alors qu’il ne tourne pas bien. Egalant par sa bravoure d’esprit sa vaillance militaire, et donnant un rare exemple de spontanéité et de décision, il ne craignit pas de prendre sur lui la responsabilité de ne pas exécuter du tout l’ordre dont jusque-là il n’avait que retardé l’exécution. Malgré ce que lui mande le Prince royal, il s’acharne à la bataille. Il instruit le Prince du parti qu’il prend, le fait savoir à ses voisins de droite et de gauche, Hartmann et Bose, et à tous les deux il demande une coopération immédiate.

Ni l’un ni l’autre ne la lui accordent. Hartmann, qui essayait de se reformer à Langensoultzbach, répondit qu’il lui était difficile de reprendre la lutte qu’il avait été obligé d’interrompre : tout ce qu’il pouvait promettre, c’était d’arrêter ses troupes sur le mamelon boisé où elles tenaient encore et de reprendre l’action dès qu’elles seraient reposées et auraient reçu de Lembach la IIIe division. Bose, à Gunstett, ne fit pas une réponse plus encourageante : l’ordre du jour était de s’arrêter à la Sauer, et il n’était pas en situation d’aller au delà ; le combat en train avec la droite de l’armée française traversait des alternatives de succès et de revers qui le laissaient très indécis.

Pendant que les envoyés de Kirchbach parlementaient à gauche et à droite, sa situation ne s’améliorait pas. Le Prince royal, qui, au bruit du canon et sur les avis reçus à son quartier général, gagnait Wœrth à bride abattue, lui envoya la recommandation, puisqu’il ne pouvait arrêter le combat, de se tenir sur la défensive jusqu’à ce que les autres troupes fussent en ligne. Recommandation superflue : le commandant du Ve corps y était bien contraint. Enfin, à force de renforts, et en arrivant à être trois contre un, après une mêlée effroyable, des retraites et des retours offensifs sanglans, il réussit à refouler les zouaves hors de Wœrth. Mais lorsqu’il veut à son tour s’élancer en avant et gravir les hauteurs, il est cruellement repoussé. Il adresse un nouvel appel à Hartmann et à Bose.

Les Bavarois n’étaient pas encore en état d’y satisfaire : le renfort attendu de Lembach n’était pas arrivé, et Hartmann prétendait avoir reçu l’ordre écrit de cesser le combat. Bose au