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Niederwald une clairière ; à quelques centaines de pas, un petit bois, puis un espace découvert, puis Elsasshausen, puis encore des pentes découvertes, puis Frœschwiller.

La première fraction de Bose, opérant par Spachbach, sur la lisière orientale du Niederwald, se heurte à la gauche de la division Lartigue, 3e zouaves, et à la droite de la division Conseil-Dumesnil. Les batteries de Gunstett écrasent notre troupe ; vainement le colonel Morland du 21e essaie-t-il de faire taire l’artillerie ennemie par des feux au commandement : dès que ses compagnies dépassent la crête du terrain qui les abrite, elles perdent le sang-froid sous la grêle d’obus et de balles et se livrent à un feu à volonté des plus déréglés qui ne produit pas l’effet espéré. Les Prussiens ne cessent de gagner du terrain ; les zouaves, ne pouvant plus tenir contre leur nombre toujours croissant, se retirent dans l’intérieur du bois.

La seconde fraction de Bose, qui débouche par le pont du moulin de Gunstett, était précédée de nombreux tirailleurs, qui, du premier élan, atteignaient jusqu’à la route de Haguenau. Là elle ne progresse plus que lentement. L’artillerie divisionnaire de Lartigue, changeant souvent de place, afin de se dérober aux batteries de Gunstett, lui fait quelque mal ; mais elle est surtout éprouvée par des feux rapides à 500 mètres que, profitant du vaste champ de tir ménagé par la nature des pentes, les turcos exécutent des sommets. Cependant elle parvient à s’emparer des houblonnières qui couvrent la route de Morsbronn à Frœschwil1er, en débouche et déborde le Lansberg. Les bâtimens de la ferme de l’Albrechtshäuserhof sont en feu ; les chasseurs qui l’occupent, fusillés à petite portée, sont obligés de l’abandonner.

La troisième fraction de Bose, arrivant par Dürrenbach, avait obtenu des résultats plus décisifs. Sous le feu de notre artillerie établie sur le plateau qui domine Morsbronn, elle parvenait péniblement au pied des hauteurs ; là elle rencontre notre 56e qui résiste de toutes ses forces. Mais, sur ce point comme sur les autres, quand un Prussien est tombé, deux surgissent. Le général Lacretelle, du haut du clocher de Morsbronn, reconnaît que le village, presque tourné, n’est plus tenable (300 hommes contre 5 000) ; il ordonne au 2e bataillon des tirailleurs de l’évacuer. Morsbronn évacué, les Prussiens y entrent.

La lisière orientale du Niederwald, la hauteur du Lansberg et la ferme enlevées, Morsbronn pris, Lartigue est menacé à la