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Chantre de ce qui fut et demeure divin ?
Pourquoi mon souvenir t’évoque-t-il en vain,
Théocrite, toi qui passas comme tout passe,
Devant un tel tableau de lumière et de grâce ?

LES AGNEAUX


De ta blanche brebis vois l’agile agnelée
Qui saute par l’enclos et dont l’herbe foulée
Garde l’empreinte allègre et légère à la fois.
Dans les mille rumeurs du printemps tiède, vois
S’inquiéter la mère et les petits s’ébattre.
Ebloui tu ne sais s’ils sont deux, trois ou quatre,
Tant la rapidité fantastique des bonds
Semble multiplier leurs élans vagabonds.
C’est un souple tournoi de grâce et de caprice
Que surveille en bêlant l’anxieuse nourrice.
C’est une joute espiègle, un merveilleux assaut.
Et l’oiselle attentive et qui les suit de haut,
Pour son nid frêle attend que la suave brise
Joue avec les flocons d’une laine qui frise.

ÉVEIL


L’agneau venu d’hier, dont la naissante laine
S’enroulera plus tard à la quenouille pleine,
Escorte en bondissant sa mère, inattentif
Encore au doux roseau qu’à l’ombre de cet if
Le pasteur juvénile entre ses doigts manie.
Mais on pressent déjà que l’agreste harmonie
Va l’émouvoir. Déjà l’œil guette le moment
Où, par d’obscures lois, sans qu’on sache comment.
L’agneau, réglant ses sauts sur le rythme rustique.
Evoquera Virgile et l’idéal antique.

HÉRÉDITÉ


Ton chevreau dernier-né s’élance et joue et laisse
Un sillage onduleux de grâce et de souplesse