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JOHN GALSWORTHY

Tout le monde suit avec attention l’effort que fait depuis quelques années la vieille Angleterre pour se renouveler en s’adaptant à ses circonstances modernes. Une telle activité ne se borne pas au domaine pratique et politique ; elle s’accompagne d’un travail très profond et général de réflexion. Ce ne sont pas seulement les formes nationales de la société que l’on met en question, mais les formes nationales de l’esprit : préjugés, croyances, traditions, où se perpétuent, fixées par l’automatisme, les idées fondamentales qui correspondaient à d’anciennes conditions d’équilibre et de vie. On s’est mis à discuter ces idées mêmes, les principes essentiels de la culture anglaise, la table des valeurs qu’elle suppose, les types d’humanité, si distincts entre toutes les variétés de l’homme civilisé, qu’elle a produits. Pour prendre un exemple significatif, on a vu des écrivains, que nous commençons à connaître en France, un Bernard Shaw, un Chesterton, un Wells, attaquer cet idéal aristocratique et chrétien du gentleman, qui régna, défini, prêché par les moralistes, incarné par les romanciers dans leurs héros, chanté par les poètes, durant toute l’époque victorienne.

Parmi ces nouveaux penseurs, il en est un, à mon sens le premier par l’art, dont l’œuvre est plus difficile h. suivre pour des étrangers, parce qu’il se prend, en des personnages de vie complète, aux modes les plus caractéristiques et parfois les plus cachés de l’âme anglaise, et cela sans les étudier à part, sans